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ORAGES - Chapitre 2

Images de l'été 1994 : - Saint Baudille, Larzac, août 1994 - Soir de folie : après un premier orage où s'était étendue, au soleil couchant, l'immense enclume d'une supercellule ornée d'innombrables mammatus, le ciel nous réserve encore un extraordinaire spectacle. L'instabilité est maximale dans un flux de nord-est, et ces conditions peu habituelles favorisent l'éclosion d'une constellation de foyers orageux, le tout sous la pleine Lune ! Une nuit inoubliable, pour laquelle j'ai été très heureusement inspiré en me rendant au Saint Baudille (849 m) , ce qui n'était pas sans présenter un certain risque. Mais quel spectacle !     La Lune se voile alors que les éclairs pleuvent sur Saint Jean de Védas, dans la banlieue sud-ouest de Montpellier. Pour faire ces images, pas de trépied ! Le boîtier photo fut directement posé sur les rochers près du sommet, puis sur la table d'orientation du Saint Baudille, cette dernière ayant le bon goût d'être bien horizontale. Encore heureux que j'ai eu un déclencheur souple, pour pouvoir maintenir l'obturateur ouvert sans faire trembler l'appareil durant les quelques secondes nécessaire à chaque pose.  Mille mercis à Raphaëlle qui n'a pas hésité à me suivre tout en me prêtant son boîtier ! (Pentax K1000, objectif 28/ 2.8 Pentax, émulsion Agfa 100 iso).  Notez la relativement faible extension verticale du nuage orageux. Il n'a pas vraiment l'air méchant, avec son allure de cumulus congestus. La partie supérieure, cirriforme, est rapidement balayée par le vent de nord-est, manifestement bien plus important dans la troposphère supérieure.    Ci-dessus, un nouveau foyer à l'activité électrique intense survole la garrigue du coté de Vailhauquès, Montarnaud et La Boissière, villages de l'ouest montpelliérain.  A partir de cette image j'ai pu déterminer que la base nuageuse (le "plafond") est approximativement à 3800 m d'altitude. Voici donc des éclairs hauts de 4 kilomètre ! Sur l'image précédente, je calcule la hauteur du sommet des nuages : au moins 10 kilomètres. Ce n'est pas si mal ! C'est donc la base élevée de ces nuages qui me trompe quand à l'importance de leur extension verticale, puisqu'ils s'approchent bel et bien de la tropopause. De tels cumulus à base élevée se rencontrent souvent dans les déserts de l'ouest des Etats-Unis, et favorise l'observation d'éclairs particulièrement spectaculaires. On peut distinguer d'autres éclairs plus lointains. Ils révèlent deux autres cellules orageuses, distantes de 40 et 70 km !   L'apothéose finale survient avec cette extraordinaire décharge se produisant au dessus des vignes séparant Aniane de Gignac. J'ai la chance de la saisir alors que j'arrive presque au bout de la pellicule ! Dans ce cas, on ne peut parler de foudre, puisque l'arc électrique n'entre pas en contact avec le sol. Je ne suis pas près d'oublier la façon dont apparu un anneau fulgurant d'où rayonnèrent, de tous cotés, ces éclairs très ramifiés. Certains d'entre eux, extrêmement fins, semblent "remonter" vers la gauche et regagner le plafond nuageux. Néanmoins, un examen détaillé de l'image revèle qu'il n'y a pas de connexion visible entre ces deux groupes de décharges d'intensité très différente. Il s'agit de l'un des plus beau éclairs qu'il me fut donné de voir ... Découvrez cette photo avec une meilleure résolution à l'occasion de sa sélection en tant qu' "image de la semaine" en août 2002.   Bonus : ce coup de foudre à la forme tortueuse qui s'est abattu au sud du Pic Saint Loup :