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ORAGES - Chapitre 1

Images en vrac (ou presque) de 1997 et 2000 :

INTRODUCTION

- Mas de Londres (Hérault), 5 juin 2000 -

Un après-midi dans la garrigue autour du Pic Saint Loup, à une trentaine de kilomètres au nord de Montpellier.

Indifférents au bruissement des insectes innombrables, de lourds nuages se suspendent au-dessus du calcaire clair. Déjà, un horizon assombrit laisse s'échapper de sourds grondements, qui annoncent le dêchainement à venir.

Promesses d'une violence qui peut être magnifique ...

C'est à la découverte de cette singulière beauté du ciel sauvage que je vous invite dans les pages qui suivent ...

Un monstre sur les Cévennes !

- Supercellule cévenole, août 1997 -

L'arrivée de la nuit révèle la féerie d'éclairs animant ce cumulonimbus qui s'est épanouit sur les Cévennes.

Là-bas, aux confins du Gard et de la Lozère, ce monstre haut de douze kilomètres se développe au travers de toute la troposphère en m'offrant sa silhouette puissante. Cette supercellule, formidable machine thermodynamique, est nourrie par des centaines de tonnes d'air chaud et humide à chaque seconde. Elle semble à l'étroit dans la troposphère et s'étale puissamment contre le plafond de la stratosphère, son enclume parfaite défiant le courant d'ouest d'altitude.

Et sous la bête, dans la nuit précoce des vallées, règne le chaos bruyant des lourdes averses de grêle qui s'abattent sur la forêt cévennole.

Gros plan sur la bordure occidentale de ce cumulonimbus exceptionnel. La pose de plusieurs secondes (crépuscule oblige) laisse deviner les parties animées des mouvements les plus intenses de la cheminée d'alimentation principale. Peu de temps avant ce cliché, un éclair prodigieux (superbolt) jailli du bord de l'enclume pour s'abattre à une distance considérable (10 km ?) du territoire directement concerné par l'activité orageuse. Bien évidemment, mon obturateur n'était pas ouvert au bon moment ...


- Gignac (Hérault), juillet 2000 -

Foudre sur la montagne de la Sellette.

Très tard dans la nuit, un feu d'artifice inattendu s'annonce par ses grondements lointains. L'occasion est trop belle ! Je saute du lit (il est 2h40) et me précipite à la rencontre du spectacle.  
Les coups de foudre sont espacés, mais grandioses, grâce à la hauteur importante de la base du nuage (2500 m au moins). J'ai juste le temps de prendre ces quelques clichés avant d'être interrompu par la pluie et de rencontrer une horde de sangliers (ils ont dû être aussi surpris que moi !)

Foudre sur la montagne de la Sellette (encore !)

On distingue bien deux foyers orageux. Celui situé en arrière-plan est distant d'une quarantaine de km (région de Ganges) et présente une activité électrique assez marquée. Les éclairs prennent une teinte rose qui trahit leur éloignement (l'atmosphère agit comme un filtre rouge sur de longues distances). Le second foyer n'est lui distant que de 12 km et harcèle la "montagne" de la Sellette, qui sépare le fleuve Hérault de la plaine de Saint Martin-de-Londres. Son activité est différente : moins d'éclairs (un toute les une à deux minutes), mais ces décharges sont éblouissantes malgré la distance, et le tonnerre est en conséquence !

Orage ettoufé.

La foudre n'est cependant pas que fulgurance. Perdus dans les nuée blêmes, des lueurs palpitent, des fragments d'arc électriques n'osent dévoiler leurs formes improbables. Et ce mystère ouaté s'accompagne d'une rumeur étouffée.

Silencieux et contemplatif, je laisse mon objectif boire ces couleurs rares.

- Au pied du Causse du Larzac, juillet 2000 -


 Après avoir "tourné" pendant plus d'une heure sur la plaine, l'orage semble maintenant se porter vers le relief plus au nord. De longs éclairs horizontaux zèbrent le ciel du causse du Larzac, dévoilant (trop brièvement à mon goût) la base tourmentée du cumulonimbus.

Cette photographie prise une trentaine de minutes auparavant permet de détailler les ramifications d'un éclair horizontal dont la partie la plus brillante se situe directement au-dessus du cirque de Saint-Guilhem-le-Désert. Les lampadaires de Saint-Jean-de-Fos sont visibles au pied des collines.

A l'extrémité de l'arrête calcaire se trouve le relais hertzien Saint Baudille, promontoire méridional du plateau du Larzac, porté à l'altitude de 849 m par l'énorme série sédimentaire des calcaires déposés au cours du Jurassique.  Le pylône de 60 m trônant au sommet est par deux fois au moins atteint par la foudre, mais pas aux moments où mon obturateur est ouvert ! Dans le cas de l'image ci-dessus, les éclairs se trouvent déjà plusieurs kilomètres au-delà, frappant les étendues du causse.

 

larzac2.jpg (14710 octets)

N'y tenant plus, je bondis en voiture jusqu'au Pic Baudille, rêvant de pouvoir photographier la foudre s'abattant sur le plateau. Mais hélas l'orage continue sa progression vers le nord et frappe maintenant la montagne du Lingas, qui forme le contrefort sud des Cévennes. L'activité diminuant avec l'avancement de la soirée, et le réseau routier de l'arrière-pays étant ce qu'il est, je doit renoncer à poursuivre plus loin cet orage d'été.

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