ORAGES - Chapitre 3
Ligne de grain sur l'Atlantique
- Pyla-sur-Mer, août 1989 - Par cette nuit d'été surchauffée de 1989, impossible de trouver le sommeil. A l'ouest, les étendues marines du Golfe de Gascogne sont illuminées par une activité orageuse extraordinaire. Une ligne de grain, à la progression inhabituellement lente, laisse se développer un grand nombre de cellules orageuses alignées le long d'un axe nord-sud. L'horizon s'est transformé en guirlande électrique et, lentement, le front approche ... Le
plus surprenant est l'absence totale de vent. Me tenant sur un parapet
faisant face au Cap Ferret, je peux à loisir contempler l'horizon
flamboyant, et le reflet des éclairs dans les eaux sereines
qui glissent calmement sur les bancs de sable des passes du Bassin
d'Arcachon. D'innombrables impacts de foudre frappent la surface de
l'Océan et se rapprochent insensiblement. Abusé par
l'exceptionnelle altitude de la base des nuages (au moins quatre kilomètres),
je sous-estime la distance de cette féerie estivale. Alors
que je faisais cette photo, le son du tonnerre était encore
bien lointain, guère audible malgré le calme de cette
inoubliable nuit d'août. L'activité électrique,
parcontre, était proprement extraordinaire. Il ne se passait
pas une seconde sans que la foudre ne se manifeste en un point ou
un autre de l'horizon.
Deux heure du matin. Des jeunes, passablement imbibés de bière, traînent non loin de l'escalier ou j'installe tant bien que mal mon trépied. La beauté du spectacle les touche peut-être, en tout cas elle n'échappe pas à l'objectif avide de lumière de mon appareil. Ceci est une de mes photographies préférées. Au moment de ce cliché, l'éclair est distant de six kilomètres environ, et tombe derrière le Cap Ferret visible comme une fine bande posée à l'horizon. La hauteur de cette décharge monumentale dépasse les 4 km, et le tonnerre, très puissant maintenant, rend bien compte de l'intensité du phénomène. La brièveté de ce flash naturel a figé les vaguelettes autour des bateaux amarrés le long du front de mer du Pyla. Celui de droite est une pinasse, élégante embarcation traditionnelle du Bassin d'Arcachon. Sur le bord gauche de cette image, un éclair tombe en plein dans la passe sud, entre la dune du Pyla et le Banc d'Arguin, grande île de sable qui lui fait face. Cet éclair s'est produit à 500 m environ. Sa luminosité fut suffisante pour éclairer le fond de l'eau en bordure de la plage ! Dans sa partie supérieure, cette image nous révèle ses ramifications incroyables de finesse et de complexité. Maintenant arrivent les choses sérieuses : le tonnerre gronde à en faire trembler le sol, des éclairs monstrueux se manifestent suffisamment près pour m'encourager... à déguerpir ! |
- Orage sur le Languedoc, 6 août 1999 - Cette soirée estivale allait voir se déchaîner une violente activité orageuse du Golfe du Lion vers le littoral est-languedocien et la Camargue. La conséquence la plus spectaculaire fût le renversement de la grande roue de la fête foraine de Palavas-les-Flots. La violente rafale responsable fut matérialisée, dans les instants qui précédèrent, par quelques chose qui ressemblait sacrement à une trombe... Voyant de nombreux éclairs illuminer l'horizon sud-est, je me rend sur le plateau d'Aumelas. J'y étrenne mon nouveau téléobjectif (un 135 /2.5 Pentax) avec cette vue où deux poteaux se profilent en ombres chinoises au devant d'un foyer orageux extrémement actif en train de se propager du Golfe du Lion au littoral montpelliérain. Le
même foyer, quelques minutes plus tard. Je me suis approché
d'avantage, mais il s'éloigne bien trop vite vers le nord-est.
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Eclairs
et Etoiles :
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L'intense activité électrique se répartie entre deux foyers orageux séparés, comme on peut le voir sur la gauche de cette image prise avec un objectif à très grand-angle (fisheye Sigma 15mm f./2.8). Sur la gauche, la couverture nuageuse élevée est brillamment illuminée par l'agglomération montpelliéraine. A droite, dans un ciel devenant limpide, paraît la constellation du Scorpion et la planète Mars :
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Un
autre foyer est extrêmement actif au nord de ma position, du coté
de Saint Martin de Londres et au-delà. Un véritable mur
de pluie est éclairé de l'intérieur par d'incessantes
décharges intra-nuageuse, typiques des orages méditerranéens.
Sur ce fond magenta, crépitant de lueurs diffuses, ondule lascivement
un fragment de stratus. Les lampadaires de Saint Gely du Fesc y apportent
leur touche, en le teintant d'une surprenante couleur. |
Image bonus : cette vue d'un orage survenu 48 heures après :
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