ORAGES SUR LE GERS DU 18 AU 21 SEPTEMBRE 2002
Première partie : 18 et 19 septembre | |
Deuxième partie | Troisième partie |
Quatre jours (et nuits) d'orages consécutifs m'ont offert un spectacle dont les photos ci-dessous ne peuvent être qu'un pâle témoignage au regard de la splendeur des éléments déchaînés. Compte-rendu en image ...
(Cliquez sur celles-ci pour en obtenir des versions en haute résolution).
mercredi 18 septembre : |
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A 17 heure, un premier cumulus passe au-dessus de chez moi, en progressant vers le nord. Surprise, le nuage enfle très rapidement et un puissant roulement de tonnerre provoque une brutale hausse de mon rythme cardiaque ! De l'orage ! Enfin ! Je n'ai pas droit cette fois ci à la foudre à domicile, car les premiers éclairs ne sont apparus qu'une fois le nuage à la verticale de La Romieu (entre 3 et 4 kilomètres au nord). Le nuage n'a rien de photogénique et les éclairs ne sont pas très lumineux, mais néanmoins la base élevé du cumulonimbus permet d'assez bien apercevoir leurs ramifications. |
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A 17h45, les choses se précipitent : plusieurs cumulus castellanus qui bourgeonnaient en direction du sud enflent à leur tour avec une rapidité prodigieuse et fusionnent pour donner naissance à un beau cumulonimbus à l'extension verticale impressionnante. La vue ci-contre est le résultat de la combinaison de deux clichés pris au grand-angulaire (28 mm) en direction du sud-ouest. La vitesse ascensionnelle me sidère, et face à cette tourelle d'une rare vigueur je commence à me sentir tout petit ... |
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Je file sur les routes en direction de la bête, attiré par l'aspect menaçant d'un lourd rideau de précipitations. Et je ne suis pas déçu : une averse de pluie et de grêle est de train de descendre la vallée de la Baïse en direction du nord. La voici ci-contre photographiée non loin de Saint-Orens-Pouy-Petit, en direction du sud-ouest. Quelques minutes plus tard, la grêle allait toucher la ville de Condom avec des d'étonnant grêlons en "forme de bâtonnets" de 1 à 2 cm (!) (c'est ce que l'on m'a rapporté, je mène l'enquête à ce sujet, mais évidemment personne n'a eu l'idée d'en conserver au réfrigérateur !) | |
La violence du courant descendant lié aux précipitations est suffisante pour provoquer l'apparition d'un "pied de pluie", révélateur de la microrafale intense accompagnant l'arrivée brutale du rideau de précipitation. |
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Je me suis ensuite rapproché de la zone où j'anticipais le passage de cette averse impressionnante, tout en essayant - au gré des routes - de me maintenir à l'écart du rideau de précipitations intenses. Mais hélas celui-ci me rattrape entre Béraut et Condom. Contraint de ralentir, je préfére franchement m'arrêter, la conduite devenant vraiment difficile. Quelques grêlons d'une taille de l'ordre de 1-1.5 cm frappent les vitres et le toit de ma voiture avec des claquements secs, et la foudre s'abat à deux reprises à moins de 300 mètres de moi. |
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Bravant la pluie, je reprends ensuite la route et à Condom une couche de débris végétaux hachés menu recouvre la route. Ayant l'envie d'en découdre, je poursuis vers le nord-est. A 70 km/h maxi, je réussi finalement à devancer l'averse au bout d'une vingtaine de kilomètres, et passé Lamontjoie je crois apercevoir un nuage-mur qui, précédant les précipitation, matérialise une zone intense d'ascendance. Arrivé à Estillac, je me rends compte que le gros de l'activité électrique se situe plutôt du coté de Nérac, et qu'un autre foyer est actif une quinzaine de kilomètres à l'est. Et je me trouve juste entre les deux ! Ci-contre, Agen sous la lueur des éclairs "noyés" dans les pluies soutenues. Cette photo est prise alors que l'orage, en phase de dissipation, s'éloigne en direction du nord. |
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jeudi 19 septembre : | |
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A 19h, il ne se passe plus grand chose. Les impressionnants foyers orageux qui se sont développés au nord-ouest se dissipent, et je quitte le travail pour rentrer chez moi, rageant de n'avoir pu à loisir filer sous ces jolis cumulonimbus prometteurs. Ce n'est qu'à la nuit tombée que le clair de lune trahit des amas cumuliformes au sud de chez moi. Il n'y a pas un souffle de vent et la température reste anormalement élevée. L'air est lourd, moite et je devine que ces nuages ténébreux qui avalent la lune recèlent certainement quelquechose en gestation, mais il ne se passe rien pour l'instant. Une obscurité surprenante enveloppe la campagne gersoise, comme si la lune n'existait plus. Des coups de tonnerre puissants me mettent en alerte. Des éclairs espacés déchirent le ventre noir de la nuit et ne tombent qu'à quelques kilomètres de chez moi. Hélas ! Sitôt prêt à photographier, un rideau de pluie fond sur moi et je fuis vers le nord. A la Romieu, j'entend des canons anti-grêle (moyen dérisoire et dangereux à mon avis, c'est comme taper sur des casseroles pendant une éclipse pour faire revenir le soleil : l'homme ne peut souffrir l'impuissance face aux éléments !) et je vois une fusée (???) s'élever à deux ou trois cents mètres au-dessus des faubourgs du village : une fusée anti-grêle ? C'est surtout un bon moyen de se faire foudroyer (des éclairs s'abattent déjà à moins de deux kilomètres de là) via la traînée partiellement ionisée due aux gaz d'éjection. En tout cas ce n'était pas une fusée de feu d'artifice, il n'y eu aucune explosion colorée ... Je me poste dans un coin repéré à l'avance avec l'espoir de saisir la foudre frappant l'une de deux tours de la collégiale Saint Pierre de La Romieu, mais la pluie me rattrape de nouveau. Pas d'hésitation, je mets le cap franchement au nord en direction de Astaffort. Les essuie-glace ont du mal à évacuer les masses d'eau qui déferlent sur le pare-brise, impossible de rouler à plus de 70. Les éclairs restent assez espacés (un par minute environ). Je finis par comprendre intuitivement qu'en allant vers le nord, j'évolue dans une étroite langue de pluie qui elle-même est en train de se développer dans la même direction, précédée par une "tête électrique" source de la plupart des éclairs qui seraient susceptibles d'être photogéniques. Hop ! je bifurque vers l'ouest direction Lamontjoie, et en moins de deux cents mètres je roule sur une route parfaitement sèche. Quel contraste ! L'absence de vent fort me permet d'entendre le bruit de la pluie qui tombe à 300 m sans qu'une goutte ne me touche. C'est vraiment un drôle d'orage ... Si seulement j'y voyais quelquechose ! La nuit a conservé ici la noirceur qui enveloppait jadis nos campagnes. La quasi-absence de lampadaire m'est pour une fois problématique, tant il m'est difficile de me faire une idée de la position du (ou des) rideau(x) de pluie(s). Et les éclairs, peu fréquents mais vraiment éblouissants, surgissent à plusieurs reprises à moins de six cents mètres (deux secondes ou moins entre lumière et tonnerre) alors que je suis au volant : ils ne rendent pas l'évaluation de la situation plus facile, bien au contraire ! Je me poste au bord de la route avec l'espoir de faire une image de la foudre au-devant du rideau de pluie. Lorsque la décharge se produit au milieu de la pluie, ce n'est pas photogénique : il n'apparaît alors qu'une énorme tache lumineuse où les contours de l'éclair sont noyés dans leur propre lumière. |
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Pas de bol ! Un éclair tombe exactement à l'opposé du champ photographié, et pas bien loin (entre 200 et 400 mètres dans mon dos à mon avis), vu l'intensité de l'éclairage qu'il produit. Ce coup de foudre à néanmoins le bon goût de rendre bien visible un rideau de pluie en direction du sud-sud-ouest, plus éloigné que celui dont je venait de m'extraire. | |
Je file jusqu'à Lamontjoie et y rejoint la départementale 931 direction Agen. Quelque kilomètres plus au nord, j'essaie une petite route sur le sommet d'une colline avec l'espoir d'y trouver un horizon plus dégagé, défiant la foudre ! (m'étant éloigné de plusieurs km de la zone active, le risque en question est tout à fait raisonnable ...) Là je n'obtiens que des photos très moyenne d'éclairs noyés dans les précipitations, comme ci-contre. |
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Je poursuis jusqu'à Estillac (qlq km sud d'Agen) histoire d'avoir une jolie vue sur Agen, mais je n'obtiens pas de cliché plus spectaculaire que la veille. C'est néanmoins là que je rencontre le plus de débris végétaux jonchant la route, et l'orage semble atteindre à ce moment là son maximum d'intensité : un vent fort secoue les arbres, l'intensité de la pluie rend la conduite vraiment difficile et l'activité électrique est beaucoup plus intense (plus de cinq éclairs par minutes). Mais la pluie rend tout cela inphotographiable. Certains lampadaires d'Agen se sont éteint, et les autres disparaissent complètement tant la pluie est intense. Comme la veille, l'orage s'éloigne ensuite vers le nord, mais encore en bonne forme. Je renonce néanmoins à le poursuivre d'avantage, l'intensité de ses précipitations m'ôtant tout espoir de pouvoir le concurrencer en vitesse et d'obtenir des images spectaculaires. J'avais bien raison de prendre un peu de repos, vu ce qu'allait me réserver les deux soirées suivantes ! Par ici pour LA SUITE ... |