Voici quelques-uns des nombreux clichés obtenus au cours des orages des 14 et 15 juillet :

14 juillet 2003

Un beau cumulonimbus isolé apparaît à 23 h en direction du nord-est. Le contour de l'enclume ne se devine qu'à peine dans la faible lumière de la Lune qui se lève, mais une pose d'une soixantaine de secondes permet d'y voir plus clair :

L'activité électrique semble variable, passant par des phases assez intenses et des moments où plus rien ne se manifeste pendant parfois presque une minute. Cela correspond peut-être à des pulsations dans l'alimentation du nuage orageux. Sur le cliché ci-dessus, les astronomes reconnaîtront la constellation de Cassiopée, l'une de mes préférées.

Après quelques hésitations quand à la pérennité de cet orage, je file quand même à sa poursuite mais au bout de quelques kilomètres je constate qu'il ne se passe plus rien. Je me doutais bien que de toute façon je n'allais pas réussir à le rejoindre, car ce foyer est tout de même à au moins quarante ou cinquante kilomètres, vers le centre du Tarn-et-Garonne. En plus le vent de sud-ouest, même s'il est faible, l'éloigne directement de moi !

Je me gare en bordure de l'ancienne voie romaine qui autrefois reliait Agen à Saint-Bertrand-de-Cominges, à quelques kilomètres au nord de Lectoure, et j'attends. Il est minuit passé et l'atmosphère est vraiment chaude et moite. Ça sent l'orage !

Et, en effet, dans le silence de la nuit que peuplent les chants des grillons innombrables, des nuages s'accumulent au zénith. Malgré la Lune il m'est difficile d'évaluer précisément ce qui se passe. J'ai l'impression d'être sous un ensemble de tourelles cumuliformes qui croissent très rapidement. Mais pour l'instant des lacunes persistent entre ces amas nuageux, laissant apparaître quelques étoiles.

Les événements se précipitent soudain : des lueurs d'éclairs intranuageux m'informent qu'un cumulonimbus s'est brutalement développé entre Fleurance et Lectoure, à dix ou quinze kilomètres au sud-sud-est de ma position. Il est bientôt une heure du matin alors que je prends l'heureuse décision de me rendre sur les remparts de Lectoure pour réaliser les images qui suivent :

Ça commence en fanfare avec cet impact d'un éclair parfait sur une ligne moyenne tension. La ligne électrique n'est pas visible en elle-même (elle est minuscule à l'échelle de cette image), mais le coup de foudre a engendré au moins trois courts-circuits hors du point d'impact. Ils sont visibles comme des points lumineux (il n'y a aucun lampadaire dans ce secteur). Celui situé le plus à droite est particulièrement brillant, et a produit un flamboiement verdâtre responsable de la vive lueur diffuse visible sur ce cliché. Cette lueur a très peu de temps après l'impact (1/2 ou 1 seconde), et a duré un peu mois d'une seconde. J'aimerai bien photographier ce genre de phénomène de plus près !

L'activité électrique devient très vite des plus spectaculaire. Peut-être est-ce parce que je suis environné de maisons, mais je me sens moins exposé que si je réalisais ces photos en pleine campagne, au sommet d'une colline ... C'est ce qui me donne le courage (ou la témérité ...) de rester. Mais quel spectacle !

Cet orage intense mais bref se dissipe rapidement, et il ne dépassera guère Lectoure dans sa progression vers le nord-est. Le retrait rapide de cumulonimbus déjà en voie de dilution permet à la Lune de réapparaître alors que d'ultimes éclairs sillonnent le ciel. Image étonnante où l'astre côtoie la foudre. Le ciel arrêtera-t-il seulement un jour de me surprendre et de m'émerveiller ?

La suite ...

15 juillet 2003