L'orage
du 26 mars dernier (et son fameux
arcus) m'avait laissé
pantelant et comblé. Après pareil spectacle, je
n'osais trop râler alors que les semaines se succédaient
sans que le moindre coup de tonnerre ne vienne ébranler
le ciel de Gascogne. Néanmoins, j'éprouvais l'intuition
que le printemps me réservais encore bien des surprises.
Cela allait se confirmer en ce 15 avril ... En route pour une
nouvelle soirée inoubliable !
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Au
cours de la journée, une dépression venue se centrer
au large de la Charente Maritime entraîne la formation d'un
ciel de traîne produisant une succession d'éclaircies
et d'averses. Mais ces dernières semblaient nettement plus
fréquentes au nord de la Garonne, comme je pouvais facilement
le constater depuis Saint-Puy (clichés pris à 17h30
- combinaison panoramique de deux vues).
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19h12
: libéré du travail je peux à loisir scruter
cette modeste ligne de grain.
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19h18
: il semble que je ne vais pas échapper à cette
averse. Depuis mon joli point de vue, et armé d'une paire
de jumelles, j'observe à loisir la progression du rideau
de pluie sur les coteaux gersois à l'ouest de Condom, ainsi
que le jeu distant des rayons de soleil à l'horizon :
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18h49
: la pluie est passée et, comme je m'y attendais, l'averse
en poursuivant son trajet vers l'est reçoit en plein les
rayons du soleil qui descend sur l'horizon occidental. Pluie +
soleil bas = arc-en-ciel, c'est bien connu ! (combinaison de deux
clichés).
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20h06
: une nouvelle ligne de nuages cumuliformes se prépare
à l'assaut. Mais cette fois ci, sa structure m'intrigue
et me met en alerte. Il ne s'agit pas d'une simple ligne mais
plutôt d'une fourche, surlignée sur le cliché
ci-dessous :
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Riche
d'une certaine expérience de terrain, je soupçonne
une convergence dans la basse troposphère. Mon pouls s'accélère,
il s'agit pour moi maintenant de me trouver sur le trajet de la
partie qui me paraît la plus active !
20h27
: après erreurs et errements je m'installe en catastrophe
à proximité de Caussens (5 km à l'est de
Condom), J'ai perdu du temps en recherchant, sous un ciel où
roulaient des nuages de plus en plus impressionnants, un point
de vue sans poteaux, fils électriques ou pavillons flambant
neufs, mais cela en valait la peine ! :
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Chose
étonnante, le vent, qui avait soufflé en rafales
tout au long de l'après-midi, disparaît soudain.
Un calme étonnant se fait alors, et en l'absence de refroidissement
éolien l'air semble plus doux. Les nuages présentent
des couleurs magnifiques, dotés par endroit d'une surprenante
luminosité bleue ou au contraire caressés de reflets
beiges.
Mais
je suis surtout fasciné par la structure nuageuse visible
dans le tiers gauche de cette image panoramique. En voici une
animation obtenue à partir de deux clichés espacés
d'une quinzaine de secondes, suivi d'une version fixe illustrée
par des flèches :
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A
ce qu'il me semble, nous avons là un nuage-mur peu proéminent
doté d'une rotation cyclonique ! Des conditions plus instables
auraient pu produire, dans cette configuration, un tuba, voir
une tornade ... !!
Cette
structure en rotation ne sera qu'éphémère,
et rapidement emportée en direction du nord-est en perdant
très vite son aspect singulier. Pendant ce temps, le soleil
à poursuivi sa course vers l'horizon, et son ultime apparition
à 20h35 s'ajoute à la beauté du spectacle
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Cette
symphonie de formes et de couleurs progresse à chaque instant.
Quatre minutes plus tard, le soleil à disparu à
ma vue, mais en altitude il jette encore sa lumière sur
de changeantes parois nuageuses, ce qui explique l'aspect "lumineux"
de cette averse en train de s'abattre sur Condom :
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C'est
aussi à partir de ce moment là que se manifeste
brutalement la foudre. Plusieurs éclairs, très bref
(trop bref pour que je puisse les saisir au réflexe
!), jaillissent de derrière la partie droite de cette barre
nuageuse évoquant un arcus des petits jours. Il est temps
pour moi de me réfugier dans ma voiture, et de bondir en
direction de la D.7.
Mais
avant même d'atteindre l'entrée du village, je me
trouve brutalement immergé dans un véritable mur
de grêle ! Les grêlons sont tous de petite taille
(à peine un petit pois), mais tombent serrés, et
le bruit sur le toit et le pare-brise est vraiment impressionnant.
La photo ci-dessous est prise après plusieurs kilomètres,
au moment où le limpide crépuscule réapparaît
au travers des derniers rideaux de précipitations :
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21h14
: le spectacle s'arrête pas là, car la lueur du crépuscule
me permet de suivre le retrait de ce cumulonimbus à l'enclume
somptueuse :
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Gros
plan sur les mammatus se développant sur la face inférieure
de l'enclume : |
Et
pour finir ces deux photographies où s'installe le bleu
de la nuit, que constellent les étoiles de la Grande Ourse
et du Bouvier. Notez que le vent à complétement
cessé, le lac est lisse comme un miroir. |
Voilà,
encore une journée où j'ai pu faire le plein de
merveilles ! Et pourtant, combien de personnes ai-je rencontré
qui râlaient contre la pluie, les giboulées, le froid,
le vent, le soleil ... Pour aller ensuite s'enfermer en tête-à-tête
avec la télé, aveugles et sourds à ce ciel
qui me ravit si souvent ! Si mes photos pouvaient contribuer à
OUVRIR LES YEUX de mes contemporains, quelle gratification ce
serait là !
A
bientôt pour de nouveaux spectacles ...
Photographies
© Pierre-Paul Feyte 2005
Tout droits réservés - reproduction interdite -
ppfeyte@free.fr
Matériel
employé : boîtier reflex numérique Pentax
*ist Ds, objectifs Pentax DA 18-55 AL, Tamron 300/5.6 (rayons
de soleil à l'horizon), Pentax-M 50/1.7 (mammatus), Sigma
fisheye 15/2.8 (deux dernières photos), trépied. |
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