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ORAGE DU 15 AVRIL 2005

L'orage du 26 mars dernier (et son fameux arcus) m'avait laissé pantelant et comblé. Après pareil spectacle, je n'osais trop râler alors que les semaines se succédaient sans que le moindre coup de tonnerre ne vienne ébranler le ciel de Gascogne. Néanmoins, j'éprouvais l'intuition que le printemps me réservais encore bien des surprises. Cela allait se confirmer en ce 15 avril ... En route pour une nouvelle soirée inoubliable !

Au cours de la journée, une dépression venue se centrer au large de la Charente Maritime entraîne la formation d'un ciel de traîne produisant une succession d'éclaircies et d'averses. Mais ces dernières semblaient nettement plus fréquentes au nord de la Garonne, comme je pouvais facilement le constater depuis Saint-Puy (clichés pris à 17h30 - combinaison panoramique de deux vues).

19h12 : libéré du travail je peux à loisir scruter cette modeste ligne de grain.

19h18 : il semble que je ne vais pas échapper à cette averse. Depuis mon joli point de vue, et armé d'une paire de jumelles, j'observe à loisir la progression du rideau de pluie sur les coteaux gersois à l'ouest de Condom, ainsi que le jeu distant des rayons de soleil à l'horizon :

18h49 : la pluie est passée et, comme je m'y attendais, l'averse en poursuivant son trajet vers l'est reçoit en plein les rayons du soleil qui descend sur l'horizon occidental. Pluie + soleil bas = arc-en-ciel, c'est bien connu ! (combinaison de deux clichés).

20h06 : une nouvelle ligne de nuages cumuliformes se prépare à l'assaut. Mais cette fois ci, sa structure m'intrigue et me met en alerte. Il ne s'agit pas d'une simple ligne mais plutôt d'une fourche, surlignée sur le cliché ci-dessous :

Riche d'une certaine expérience de terrain, je soupçonne une convergence dans la basse troposphère. Mon pouls s'accélère, il s'agit pour moi maintenant de me trouver sur le trajet de la partie qui me paraît la plus active !

20h27 : après erreurs et errements je m'installe en catastrophe à proximité de Caussens (5 km à l'est de Condom), J'ai perdu du temps en recherchant, sous un ciel où roulaient des nuages de plus en plus impressionnants, un point de vue sans poteaux, fils électriques ou pavillons flambant neufs, mais cela en valait la peine ! :

Chose étonnante, le vent, qui avait soufflé en rafales tout au long de l'après-midi, disparaît soudain. Un calme étonnant se fait alors, et en l'absence de refroidissement éolien l'air semble plus doux. Les nuages présentent des couleurs magnifiques, dotés par endroit d'une surprenante luminosité bleue ou au contraire caressés de reflets beiges.

Mais je suis surtout fasciné par la structure nuageuse visible dans le tiers gauche de cette image panoramique. En voici une animation obtenue à partir de deux clichés espacés d'une quinzaine de secondes, suivi d'une version fixe illustrée par des flèches :

A ce qu'il me semble, nous avons là un nuage-mur peu proéminent doté d'une rotation cyclonique ! Des conditions plus instables auraient pu produire, dans cette configuration, un tuba, voir une tornade ... !!

Cette structure en rotation ne sera qu'éphémère, et rapidement emportée en direction du nord-est en perdant très vite son aspect singulier. Pendant ce temps, le soleil à poursuivi sa course vers l'horizon, et son ultime apparition à 20h35 s'ajoute à la beauté du spectacle :

Cette symphonie de formes et de couleurs progresse à chaque instant. Quatre minutes plus tard, le soleil à disparu à ma vue, mais en altitude il jette encore sa lumière sur de changeantes parois nuageuses, ce qui explique l'aspect "lumineux" de cette averse en train de s'abattre sur Condom :

C'est aussi à partir de ce moment là que se manifeste brutalement la foudre. Plusieurs éclairs, très bref (trop bref pour que je puisse les saisir au réflexe !), jaillissent de derrière la partie droite de cette barre nuageuse évoquant un arcus des petits jours. Il est temps pour moi de me réfugier dans ma voiture, et de bondir en direction de la D.7.

Mais avant même d'atteindre l'entrée du village, je me trouve brutalement immergé dans un véritable mur de grêle ! Les grêlons sont tous de petite taille (à peine un petit pois), mais tombent serrés, et le bruit sur le toit et le pare-brise est vraiment impressionnant. La photo ci-dessous est prise après plusieurs kilomètres, au moment où le limpide crépuscule réapparaît au travers des derniers rideaux de précipitations :

21h14 : le spectacle s'arrête pas là, car la lueur du crépuscule me permet de suivre le retrait de ce cumulonimbus à l'enclume somptueuse :

Gros plan sur les mammatus se développant sur la face inférieure de l'enclume :

Et pour finir ces deux photographies où s'installe le bleu de la nuit, que constellent les étoiles de la Grande Ourse et du Bouvier. Notez que le vent à complétement cessé, le lac est lisse comme un miroir.

Voilà, encore une journée où j'ai pu faire le plein de merveilles ! Et pourtant, combien de personnes ai-je rencontré qui râlaient contre la pluie, les giboulées, le froid, le vent, le soleil ... Pour aller ensuite s'enfermer en tête-à-tête avec la télé, aveugles et sourds à ce ciel qui me ravit si souvent ! Si mes photos pouvaient contribuer à OUVRIR LES YEUX de mes contemporains, quelle gratification ce serait là !

A bientôt pour de nouveaux spectacles ...

Photographies © Pierre-Paul Feyte 2005
Tout droits réservés - reproduction interdite - ppfeyte@free.fr

Matériel employé : boîtier reflex numérique Pentax *ist Ds, objectifs Pentax DA 18-55 AL, Tamron 300/5.6 (rayons de soleil à l'horizon), Pentax-M 50/1.7 (mammatus), Sigma fisheye 15/2.8 (deux dernières photos), trépied.

ORAGES 2004