Encore une journée mémorable ! L'année 2005 semble être en mesure de nous offrir un grand cru en ce qui concerne le spectacle du ciel.

C'est en sortant peu après 14h30 du village fortifié de Larresingle que je découvre en direction de l'est et du nord-est un ciel tout à fait digne d'intérêt :

En direction du sud une bulle thermique isolée a bondi vers le ciel et dessine l'inquiétante silhouette d'un champignon ascendant :

16h42 : Je peux enfin jeter de nouveau un oeil en direction du ciel et je découvre une disposition semblable : un orage semble persister en faisant du sur-place au nord-est, en direction de la Lomagne et du Tarn-et-Garonne, alors que vers l'ouest et le sud le ciel reste lumineux. J'ai alors le sentiment de me trouver en un lieu privilégié, un poste d'observation idéal sur une sorte de rivage météorologique, à l'orée de deux mondes opposés mais interdépendants. C'est la chaleur des plaines écrasées de soleil au sud-ouest qui alimente les orages qui se renouvellent sur le nord-est, et je suis à l'endroit où le basculement se produit, où l'azur se chargent de menaçantes nuées :

L'excellente transparence me permet de saisir ces congestions vigoureuses.

16:50 : Un rideau de pluie apparaît sur Condom, à une douzaine de kilomètres en direction du nord-ouest.

Des fragments nuageux déchiquetés témoignent des turbulences générées à la rencontre des courants ascendant et descendant, alors que le tonnerre se fait de plus en plus présent.

En direction du sud, la convection s'intensifie rapidement et de splendides colonnes blanches s'élèvent au-dessus des environs de Auch :

Nouveau coup d' oeil vers le nord où l'orage qui se développe sur Condom s'est décalé vers l'est et touche maintenant Castelnau-sur-l'Auvignon. Les coups de foudre se font plus fréquents et à 17h11 je peux enfin saisir ce beau spécimen :

17:46 : au sud la convection s'est organisée à une plus grande échelle et un cumulonimbus se déploie en ne donnant que peu de précipitations :

Gros plan sur ces petits bourgeonnements susceptibles de rapidement devenir beaucoup plus gros. Le pileus sur l'ascendance de droite témoigne de la vigueur de celle-ci, malgré sa dimension minuscule. Remarquez aussi le voile flou qui tombe de l'enclume : il s'agit d'une pluie de cristaux de glace. Ils ont tant de kilomètres à parcourir qu'il est certain qu'aucun d'entre eux n'atteindra le sol, car ils auront largement le temps de se sublimer au cours de leurs longues minutes de chute au travers de l'air sec de l'étage moyen.

L'image suivante (18:03) nous montre un autre petit cumulus vite devenu gros, et constitue un bel exemple de cumulus congestus. Essayez de l'enfermer dans un acrré imaginaire, et vous constaterez qu'il est déjà en train d'en déborder par le haut :

18:23 : L'orage austral devient un bel exemple de cumulonimbus capilatus incus. L'asymétrie de l'enclume s'explique par le fait que le foyer se déplace vers l'est alors qu'il n'y a (presque) pas de vent au niveau de la tropopause.

Quelques mammas festonnent délicatement l'enclume épanouie, tandis que la relève se révèle et s'élève :

L'heure de la libération approche et de nouvelles cumulifications ornent le ciel occidental, comme autant de promesses de merveilles à venir ...