Orages du 4 juillet 2006

Le ciel gascon se fâche pour de bon !

Les prévisions me laissaient unanimement espérer des orages de gros calibre, et je n'allais pas être déçu !

Après un après-midi étouffant et inondé de lumière, les choses sérieuses démarrent aux environs de 18h30 :

De lourds nuages se mettent en place au-dessus de chez moi. L'air semble pétrifié et quelques gouttes, éparses mais de bonne taille, tombent autour de moi alors que je réalise ces clichés dans un état de fébrilité de plus en plus prononcé.

Cette vue prise en direction de l'ouest et du sud-ouest permet de deviner l'orage qui sévissait entre Condom et Mézin. Le tonnerre était très audible malgré la distance.

Je me jette dans la voiture pour bondir en direction du village perché de Blaziert pour jouir d'une meilleure vue :

18h45 : Le se lève et souffle en puissantes et amples rafales du sud-ouest, comme en témoigne les feuillages de ces jeunes arbres. L'horizon s'est sérieusement assombri en direction du nord, les contrastes sont prononcés.

Le vent soulève d'importantes quantités de poussières dans les champs de blé récemment moissonnés.

Sur la droite du cliché ci-dessus est visible la cheminée d'alimentation d'une puissante cellule située au nord-ouest de ma position. Ce cumulonimbus est déjà doté d'une enclume respectable !

Une autre cellule se trouve en direction du nord, je la distingue à la faveur d'une amélioration de la visibilité :

Ci-dessus : cette vue au grand-angle révèle le monstre qui s'éloigne majestueusement en direction du nord. Je suis impressionné par l'intensité du bouillonnement de la cheminée d'alimentation (à gauche). L'enclume s'étale déjà généreusement, déborde dans toute les directions y compris en direction du sud bien qu'elle soit emportée dans un flux de sens inverse (enclume rétrogressive). Autre indice visuel confirmant l'intensité de avec laquelle se développe ce cumulonimbus : l'enclume se pare de quelques mammas.

Évidemment je file en direction du nord pour essayer de ne pas laisser s'éloigner trop tôt ce monstre météorologique :

19h13 : me voici entre La Romieu et Asttafort, à la frontière du Gers et du Lot-et-Garonne. En chemin j'ai eu à faire à beaucoup de petites branches et feuillages hachés jonchant la chaussée, il y a eu de la grêle ! Mais sur cette vue prise en direction du nord, on voit que le monstre est désorganisé et s'étiole. Une averse faiblissante s'acharne sur la vallée du Gers du coté d'Asttafort et produit, avec le retour du soleil, un faible arc-en-ciel. Mais dans les minutes qui suivirent c'est en me tournant vers l'est que j'allais avoir une jolie surprise :

Amusant, n'est-ce-pas ?

Vient ensuite une période d'attente d'environ une heure où il ne se passe plus grand chose. Les orages précédent continuent de s'éloigner bien au-delà du Lot-et-Garonne tandis que Le Gers retrouve un ciel presque dépourvu de nuages. Je me contente d'observer au téléobjectif les bourgeonnements inoffensifs :

20h21 : enfin du nouveau ! Je me doutais bien que le ciel n'allait pas s'en tenir à ces amabilités de fin d'après-midi. Le plus gros est à venir, voici le ciel qui se charge :

(Euh... Non, ça c'est un paon qui croisa ma route à 20h32. Je fais souvent de drôle de rencontre avec la faune, mais je n'avais pas encore eu droit à un volatile de ce genre au cours d'une chasse à l'orage !)

20h36 : l'orage qui arrive de l'ouest (et non plus du sud !) gagne brutalement en vigueur comme en témoigne la soudaine extension de l'enclume aussitôt festonnées de mammatus :

Pendant ce temps, les premiers orages (ceux qui me concernaient deux heures auparavant) semblent avoir fusionnés dans un ensemble gigantesque que trahi cette prodigieuse enclume occupant une large portion de l'horizon, du nord-ouest au nord-est (assemblage panoramique de trois clichés grand-angulaires). Il s'agit peut-être, à ce stade là, d'un bel exemple de système convectif mésoscale.

Ci-dessus : détails de cette enclume hors norme mis en valeur par l'éclairage rasant.

Pour la suite de cette traque passionnante, je n'ai que peu de temps pour décider de l'endroit où me rendre pour bénéficier d'un bon point de vue. Tout m'indique que je vais manifestement avoir à faire à un très gros orage, d'une violence peu commune. Je file rejoindre le secteur de Montagnac-sur-Auvignon, et y suis accueilli par un ciel présentant des couleurs et des contrastes hallucinants. Les photos ci-dessous ne rendent pas justice à la lumière exceptionnelle qui précéda l'arrivée de la tempête :

Avez-vous remarqué le petit tortillon nuageux en haut à gauche ?

Ces nuages bas sont le siège de mouvements extrêmement turbulent. L'espace de quelques très courtes minutes se met en place un clair-obscur extraordinaire. C'est un ciel irréel ou courent et se heurtent des nuages ivres !

L'animation ci-dessous est obtenue à partir de cinq clichés pris en direction du nord avec un intervalle de dix seconde. Elle permet de mettre en évidence trois direction de propagation distinctes au sein des nuages ! (cliquez sur l'image pour obtenir un version de meilleure résolution - 700 x 465 pix/775 ko) :

Coté sud c'est l'apocalypse qui se met en place ! Le jour se réduit à une fente de lumière se retirant sur l'horizon sud-est, tandis qu'une armée de nuage bas (trop bas à mon goût) s'avance implacablement, tout en étant presque continuellement sillonnés par les lueurs des éclairs intranuageux Il n'est que 21h26 et les lampadaires se sont déjà allumés depuis plusieurs minutes. C'est une zone située quelque peu en dehors du champ de ce panorama qui allait avoir à subir à ce moment là des dégâts considérables produits par des chutes de grêle intenses (en particulier du coté de Lannes).

Puis c'est la pluie et, par moment, la grêle, avec heureusement que des grêlons modestes (un centimètre de diamètre environ) à deux occasions. Mais l'attente est toujours longue dans ces cas là, paralysé sous le noyau de précipitation, à redouter à chaque seconde que ce déluge liquide de devienne une avalanche de glace.

C'est alors qu'avec une rapidité surprenante le ciel se dégage (20h51) :

S'il n'y avait pas eu autant de nuages bas, j'aurais eu droit à une lumière vraiment exceptionnelle !

Les nuages bas se font moins nombreux tandis que s'avance le crépuscule. La visibilité s'améliore, et c'est avec l'arrivée par le sud d'un vaste complexe orageux multicellulaire que le grand spectacle va commencer :

22h20 : Quelle puissance ! Je suis content qu'il ne soit pas tombé plus près ...

Lorsque les nuages bas ne sont pas trop nombreux, ils sont assez photogéniques car leur présence sur le trajet des coups de foudre donne davantage de relief à l'image.

Ci-dessous : détails de l'image ci-dessus. J'ai trop gigoté dans la voiture au cours de la pose, d'où le bougé affectant le paysage :

La tache rose-rouge teintant les nuages sur le coté droit de l'image est produite par les lampadaires de Nérac. Le regroupement de lampadaires du coté opposé désigne le village de Calignac.

Double coup de foudre surexposé, mais une illumination intéressante sur le plafond nuageux.

Ce que je ne savait pas au moment de la prise de vue, c'est que cet orage qui bombardait la campagne gasconne assaillait également la ionosphère, comme en témoignent ces "sprites" photographiés depuis l'observatoire du Pic du Midi.

Oups ! Cela se rapproche ... J'en profite pour préciser que toutes ces photographies ont été obtenues avec des objectifs grand-angulaires. J'avais donc droit au son et lumière intégral !

La dernière image est aussi ma favorite par la pureté de la lumière que prodigue cet éclair idéalement placé :

Et pour finir, un aperçu des dégâts liés à la grêle photographiés lors de mon retour non loin de Pouy-Roquelaure.

Et bien sur maintenant je piaffe d'impatience, en me demandant ce que peut bien me réserver de cet été qui commence de façon tonitruante ...

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Galerie ORAGES 2006