Éclairs et Lune

21 octobre 2002

Le soir du 21 octobre, un splendide orage en V (ou orage à propagation rétrograde) est apparu sur le sud-est de la Gascogne vers 18h30. Cette cellule orageuse n'allait cesser son activité que six heures plus tard, du coté de la Drôme. L'image ci-dessus témoigne de son activité électrique au environ de 20 h 30, alors que Toulouse venait de subir l'assaut de cet orage d'arrière saison.

Pour couronner le tout, la pleine Lune se leva derrière l'immense structure orageuse et éclaira la campagne (ici non loin de Monfort et du château d'Esclignac, dans le Gers), versant sa clarté dans les vallées déjà envahies par un brouillard de rayonnement.

On parle d'orage à propagation arrière car c'est dans la partie terminale de l'orage, en référence à son déplacement, que se localise le maximum d'activité électrique, précédé de peu par des précipitations les plus intenses. Un observateur situé "idéalement" en plein sur la trajectoire de l'orage passerait d'abord un long moment sous une masse nuageuse uniforme mais de plus en plus dense, progressivement accompagnée de pluie gagnant en intensité. Le tonnerre se fait plus proche, mais la visibilité est médiocre en raison des précipitations. Les choses changent soudainement lorsque l'observateur est rejoint par le foyer orageux. Arrivée à son intensité maximale, la pluie (ou grêle) s'arrête brutalement alors que le risque de foudroiement est maximal, et l'amateur d'orage se retrouve brutalement sous un ciel clair, baigné par une masse d'air particulièrement limpide lui offrant alors parfois une vue saisissante sur l'ensemble orageux qu'il vient de subir. Dans mon cas, confortablement situé à des dizaines de kilomètres du lieu de l'action, je pouvais tranquillement contempler l'éloignement de la zone d'activité électrique intense en même temps qu'elle se décalait vers la gauche.

Maintenant prenons un peu de hauteur :

L'image satellite NOAA obtenue au même moment permet de retrouver les éléments visible dans ce cliché, notamment le "coin" formé par la partie la plus avancée de l'enclume du cumulonimbus.

Le point rouge correspond approximativement à ma position ; les taches bleues à celle des foyers orageux et les deux traits rouges délimitent le champ couvert par ma photographie.

On voit une délimitation extraordinairement nette entre la masse confuse des cumulonimbus soudés et l'air limpide qui leur succède dans leur progression vers l'est.

 

A deux heure du matin, la masse orageuse a fait du chemin et a complètement passé le Rhône dans son mouvement vers l'est-nord-est, soit une vitesse de propagation voisine d'une centaine de kilomètres par heure.

 

Ci-contre : les relevés d'impacts de foudre montrent clairement la naissance brutale de cette vague orageuse sur le midi toulousain et sa rapide progression vers le nord-est. Une intensité considérable semble avoir été atteinte du coté du Vaucluse et de la Drôme vers une heure du matin. Simultanément, une autre vague orageuse assez intense déferlait de l'Allier à la Lorraine, et la Catalogne y avait droit également (je pus distinguer ces éclairs au loin, mais sur le moment je ne pensais pas qu'ils se trouvaient au-delà des Pyrénées !)

Sur le terrain, je m'étais très vite rendu compte que l'orage se déplaçait à une grande vitesse, ce qui, l'expérience aidant, me conforta dans l'idée de ne pas entreprendre une poursuite vouée à l'échec et au retrait de point sur le permis, si ce n'est pire !

Vous pouvez retrouver d'autres clichés de cette soirée mémorable en cliquant ICI.

(Technique : comme toujours boîtier Pentax Me super, 50 mm Pentax f./1.7 réglé à 2.8, pose B avec succession d'occultations manuelles entre les éclairs durant une minute environ sur Kodak Elite 100 EC; images satellites obtenues sur les sites de l'Université de Strasbourg, de Dundee et relevé keraunique sur Top Karten)