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IMAGE DE LA SEMAINE

Mammatus

Saint Puy, Gers, 28 août 2003

Ces nuages inquiétants ont surplombé une bonne partie du Gers alors que l'après-midi du 28 août 2003 tirait à sa fin.

Ce cliché nous montre une partie de la face inférieure de la vaste enclume développée par un puissant orage estival. L'enclume qui caractérise les cumulonimbus arrivé à leur pleine maturité est produite par l'étalement du courant ascendant contre la tropopause, à plus d'une dizaine de kilomètres de hauteur. L'air ne pouvant monter plus haut doit s'étaler tout autour du courant ascendant, avec une symétrie radiale souvent altérée par le vent en altitude.

Et ces mamelons nuageux dénommés mammatus (en latin mamma signifie mamelle) constituent autant de protubérances néées de l'instabilité de l'air contenu dans l'enclume. Il est néanmoins beaucoup plus commun pour l'observateur de rencontrer une instabilité se manifestant par des mouvements ascendants, comme dans le cas classique d'un cumulus nourri par la convection thermique.

Ici, la situation est inverse : l'air de l'enclume, chargé d'hydrométéores (le plus souvent il s'agit de particules de glace) devient légèrement plus dense que l'atmosphère sèche environnante, et se met à descendre lentement. Toute l'enclume ne descend pas d'un bloc, bien sûr : de multiples protubérances subsidentes se forment, parfois avec une remarquable régularité de taille et de disposition. Un peu comme des gouttes d'eau sur un plafond. Ces mammas affectent toujours des formes douces car ils sont constitués essentiellement de cristeaux de glace et que leur vitesse de pénétration est faible. Au contraire, les nuages convectifs comme les cumulus et cumulonimbus, constitués de gouttelettes et sièges de mouvements vigoureux, vont adopter des formes en "chou-fleur" d'autant plus dentelées que les vitesses mises en jeu sont élevées.

On trouve parfois mention, dans la littérature consacrée à ce sujet, que les mammas signalent le risque imminent d'une tornade. Il est vrai que de spectaculaires plafonds de mammatus peuvent être observés sous les enclumes des formations orageuses les plus violentes, susceptibles de donner naissance aux tornades destructrices, mais ce ne sont pas ces mammatus qui sont directement à craindre, puisqu'ils peuvent être observés à des dizaines de kilomètres de la partie active de l'orage !

Technique : boîtier 24 x 36 Pentax ME super, 50 mm Pentax, pellicule Fuji Provia 100F.

Bibliographie : Traqueur d'Orages, d'Alex Hermant, Nathan.

Images Bonus ! :

vers le sud-est :

Vue panoramique de l'enclume, où l'on distingue à gauche ce qui reste de la partie active de l'orage sur son déclin, avec un rideau de précipitation qui y voile l'arrière-plan. L'est et à gauche et le sud-ouest à droite de ce cliché couvrant un tiers de l'horizon.

... et vers l'ouest :

Si le soleil s'était couché à ce moment-là, l'effet des rayons obliques rasant ces innombrables protubérances aurait été extraordinaire !

 

Et un article de USA Today (en anglais) :

The True Meaning of Mammatus Clouds

Et un autre de l'Université de l'Illinois :

Mammatus Clouds

... Et de superbe photos sur le site de H. E. Edens :

Photographing Mammatus