Le
soir du 21 octobre, un splendide orage en V (ou orage à
propagation rétrograde) est apparu sur le sud-est de la
Gascogne vers 18h30. Cette cellule orageuse n'allait cesser son
activité que six heures plus tard, du coté de la
Drôme. L'image ci-dessus témoigne de son activité
électrique au environ de 20 h 30, alors que Toulouse venait
de subir l'assaut de cet orage d'arrière saison.
Pour
couronner le tout, la pleine Lune se leva derrière l'immense
structure orageuse et éclaira la campagne (ici non loin
de Monfort et du château d'Esclignac, dans le Gers), versant
sa clarté dans les vallées déjà envahies
par un brouillard de rayonnement.
On
parle d'orage à propagation arrière car c'est dans
la partie terminale de l'orage, en référence à
son déplacement, que se localise le maximum d'activité
électrique, précédé de peu par des
précipitations les plus intenses. Un observateur situé
"idéalement" en plein sur la trajectoire de l'orage
passerait d'abord un long moment sous une masse nuageuse uniforme
mais de plus en plus dense, progressivement accompagnée
de pluie gagnant en intensité. Le tonnerre se fait plus
proche, mais la visibilité est médiocre en raison
des précipitations. Les choses changent soudainement lorsque
l'observateur est rejoint par le foyer orageux. Arrivée
à son intensité maximale, la pluie (ou grêle)
s'arrête brutalement alors que le risque de foudroiement
est maximal, et l'amateur d'orage se retrouve brutalement sous
un ciel clair, baigné par une masse d'air particulièrement
limpide lui offrant alors parfois une vue saisissante sur l'ensemble
orageux qu'il vient de subir. Dans mon cas, confortablement situé
à des dizaines de kilomètres du lieu de l'action,
je pouvais tranquillement contempler l'éloignement de la
zone d'activité électrique intense en même
temps qu'elle se décalait vers la gauche.
Maintenant
prenons un peu de hauteur :
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L'image
satellite NOAA obtenue au même moment permet de retrouver
les éléments visible dans ce cliché,
notamment le "coin" formé par la partie
la plus avancée de l'enclume du cumulonimbus.
Le point rouge correspond
approximativement à ma position ; les taches bleues
à celle des foyers orageux et les deux traits rouges
délimitent le champ couvert par ma photographie.
On voit une délimitation
extraordinairement nette entre la masse confuse des cumulonimbus
soudés et l'air limpide qui leur succède dans
leur progression vers l'est. |
A deux heure du matin,
la masse orageuse a fait du chemin et a complètement
passé le Rhône dans son mouvement vers l'est-nord-est,
soit une vitesse de propagation voisine d'une centaine
de kilomètres par heure.

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Ci-contre
: les relevés d'impacts de foudre montrent clairement
la naissance brutale de cette vague orageuse sur le midi
toulousain et sa rapide progression vers le nord-est.
Une intensité considérable semble avoir
été atteinte du coté du Vaucluse
et de la Drôme vers une heure du matin. Simultanément,
une autre vague orageuse assez intense déferlait
de l'Allier à la Lorraine, et la Catalogne y avait
droit également (je pus distinguer ces éclairs
au loin, mais sur le moment je ne pensais pas qu'ils se
trouvaient au-delà des Pyrénées
!) |
Sur le terrain,
je m'étais très vite rendu compte que l'orage se
déplaçait à une grande vitesse, ce qui, l'expérience
aidant, me conforta dans l'idée de ne pas entreprendre
une poursuite vouée à l'échec et au retrait
de point sur le permis, si ce n'est pire !
Vous pouvez retrouver d'autres
clichés de cette soirée mémorable en cliquant
ICI.
(Technique : comme
toujours boîtier Pentax Me super, 50 mm Pentax f./1.7 réglé
à 2.8, pose B avec succession d'occultations manuelles
entre les éclairs durant une minute environ sur Kodak Elite
100 EC; images satellites obtenues sur les sites de l'Université
de Strasbourg, de Dundee
et relevé keraunique sur Top Karten) |