Il
doit être près de 16h00 lorsque je prends cette
photographie panoramique en direction du nord. Vu de la terrasse
du Château de Saint Puy, un orage vigoureux approche dans
un flux de nord. Notez les spectaculaires bourgeonnements visibles
sur la gauche.
La
partie active de ce cumulonimbus probablement multicellulaire
va passer à l'est de ma position, remontant en gros la
vallée du Gers. Sa base sombre est assez impressionnante
alors qu'il dépasse Fleurance pour se diriger vers Auch.
Je
me retrouve dans le genre de situation que je redoute : assister
à une configuration météorologique intense
tout en devant faire face à des obligations professionnelles.
Heureusement, la fréquentation est faible et j' ai souvent
l'occasion de jeter un coup d'oeil par les fenêtres ou,
mieux encore, d'aller sur la terrasse qui offre une vue fantastique
sur tout les environs. Je dois bien concéder que j'ai
quand même beaucoup de chance, par rapport à l'époque
ou, enfermé dans l'immense centre commercial de Montpellier,
sans aucune vue sur le ciel, je devais me contenter du bruit
de la grêle sur la toiture ...
Ma
nervosité est néanmoins grande, car j'ai l'intuition
que ce cumulonimbus me réserve une surprise. Intuition
qui allait se vérifier ...
Peu
après 17h00, je rentre de la terrasse, où je viens
de faire un tour d' horizon. Mais un besoin impérieux
me fait jeter dès l' instant qui suit un coup d'oeil
par la fenêtre sud, pas très facile d' accès,
mais ayant l' avantage d' offrir une vue vers l' orage qui se
trouve maintenant en direction du sud-sud-est, certainement
non loin d'Auch. Et c'est à ce moment que je découvre,
incrédule, un appendice suspendu sous la base du cumulonimbus,
bien droit, sinistre et sombre comme le nuage qui est en train
de l'enfanter. Une tornade est en train de naître sous
mes yeux !!!
Bizarrement,
je referme d' abord posément la fenêtre. Puis soudain,
non sans un juron bien senti, je me jette sur mon fourre-tout
et me précipite (à une vitesse dont je ne me croyais
pas capable !) sur la terrasse, manquant de défoncer
la porte vitrée au passage.
Après
une courte course jusqu'au rempart sud, je m' empare du téléobjectif
de 300 mm, car le phénomène est distant. Surexcité,
je tremble et j' oublie au début de faire la mise au
point. La base du nuage est si sombre qu' il me faut employer
le 125ème de seconde même à pleine ouverture
(f./5.6), et au second cliché je réalise qu' il
faut impérativement que je prenne appui sur le mur pour
éviter un flou de bougé trop important.
Suffit
pour la technique ! Voici le spectacle : |