Orage du 18 août 2006

Mystère dans les nuées

Un orage au mois d'août ... Classique, me direz vous.

Mais pourtant, dès que les lueurs des éclairs furent visibles, je sonnais le tocsin de l'alerte, avertissant mes proches de l'arrivée d'un orage "vicieux". C'est la nature de l'activité électrique qui me mis en alerte : des flash répétés, particulièrement éblouissants malgré la distance, ébranlaient l'horizon sud en le submergeant d'impulsions lumineuses d'une blancheur peu commune.

La suite allait me confirmer que mon "flair" avait vu juste : en plus d'un véritable bombardement de coups de foudre particulièrement puissants, j'allais entrevoir d'étonnantes structures au sein de certains nuages ...

Voici la suite en image :

23h18 : depuis un premier point de vue m'offrant un vaste panorama en direction du sud, j'assiste à l'arrivée de la bête. Il ne s'agit pas d'une cellule isolée, mais d'une ligne d'orages en train de progresser vers le nord ou le nord-est, c'est à dire droit vers moi. Je n'en mène pas large alors que je me trouve sur un point dominant, sous un alignement de grands chênes !

Malgré une activité électrique soutenue, voici le seul cliché correct pris au cours de cette première phase. Cet impact doit concerner un secteur situé entre Caussens et Béraut. Remarquez la jolie boucle décrite par l'éclair peu avant son contact avec le sol, et la présence de rideaux de précipitations en cours de développement (ils commencent à peine à toucher le sol).

A ce moment là, le vent se fait de plus en plus soutenu dans le feuillage des chênes que je côtoie, quelques gouttes tombent autour de moi. C'est un peu tardivement que je me rends compte que, dans ce flux de sud, une cellule doit être en train de se développer au-dessus de moi. Des coups de foudre à moins de deux kilomètres de ma position finissent de me convaincre de la vraisemblance de cette hypothèse, et que ce ne serait point faire une trop grave entorse aux règles de la bienséance que de quitter précipitamment les chênes qui jusque là me tenaient compagnie.

Alors que les impacts proches se multiplient, je m'engouffre dans la voiture pour filer un kilomètre en direction du nord sous une pluie diluvienne, pendant laquelle je me félicite d'avoir pris le temps de réparer récemment la commande des essuies-glace au cours des jours précédents. Mais cette averse ne dure guère, et après quelques minutes une voûte constellée d'étoiles envahi le tiers sud du ciel, qui se révèle particulièrement limpide. Drôle d'impression que de contempler la Voie Lactée et les étoiles du Sagittaire alors qu'il tombe encore un crachin issu de l'orage qui s'éloigne du coté opposé !

Je m'aperçois que c'est maintenant en direction du nord-est et de l'est que plusieurs cellules sévissent. Je me dépêche de gagner un autre point de vue. Chemin faisant, je crois distinguer à la lueur d'un éclairs une longue colonne blanche presque verticale. Colonne de pluie localisé ou tuba ? Voilà qui ne contribue pas à diminuer mon excitation. Les images qui suivent semblent confirmer la seconde hypothèse ...

23h47 : ce triple coup de foudre sur la Lomagne gersoise (on devine le clocher de la cathédrale de Lectoure à droite) illumine une base nuageuse surbaissé où il me semble bien distinguer un tuba bien vertical mais peu développé. Ci-dessous un second cliché pris 24 secondes plus tard :

Les photos suivantes ne montrent plus grand chose de significatif, faute d'éclairs bien placés. Cela me laisse l'impression que j'ai raté quelque chose ...

Mais le spectacle continue, face à horizon où s'aligne quatre cellules actives du nord à l'est. C'est celle du nord-est que je choisi pour réaliser ces images, par lesquelles je vous invite à une plongée au cœur des nuées :

Éclairs et pannus

Pannus et pluies

Et voici le cliché qui révèle l'origine de ces pannus, c'est-à-dire de ces nuages bas aux contours déchiquetés : le double panache émit par la centrale nucléaire de Golfech !

00h25 : un éclairs lumineux refuse d'atteindre le sol et dessine un grand sourire entre terre et ciel.

Mais déjà un nouvel orage se manifeste du coté opposé et se dirige droit vers moi. Les éclairs pleuvent à droite et à gauche, je choisis comme avant-plan cet arbre isolé en bordure d'un pré à vache. Ô bonheur, à 00h53 un éclair à la délicatesse de bien se placer par rapport au décor :

Contrairement aux apparences, ce coup de foudre ne tombe pas à proximité de l'arbre mais à près de deux kilomètres au-delà ! C'est néanmoins déjà assez proche pour être impressionnant. Il est temps de bondir dans la faradaymobile (qui ne manque pas de choisir ce moment pour me refaire le coup de la boîte de vitesse bloquée en marche arrière, grrr !). Une fois ce problème réglé, je circule en plein dans la zone de foudroiement et je suis gratifier d'un impact de foudre à cent mètres environ.

Plus tard dans la nuit, à 2h23, alors que je tente de trouver le sommeil dans mon lit (je bosse dans quelques heures), un flash énorme illumine le paysage. Sept secondes s'écoulent avant qu'un fracas extraordinaire ne retentisse et fasse trembler le plancher. J'en ai pourtant déjà entendu des coup de tonnerre, mais là il s'agit vraiment d'une canonnade épouvantable qui ne me laisse aucun doute quand à son origine : un superbolt a frappé à un peu plus de deux kilomètres de chez moi. De quoi se sentir très, très humble ...

Données techniques : toutes ces photographies ont été prises en dehors du véhicule avec un reflex numérique Pentax *ist Ds, et différents objectifs de 35 à 105 mm de focale.

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