Noyé
dans une atmosphère brumeuse, moite et étouffante,
je ne savais que faire. Tout indiquait que cet après-midi
estival allait se conclure par de violents orages, mais scruter
le ciel de plus en plus terne ne m'apprenait rien. C'est à
18:00 passée que je lève le camp pour partir en
quête de violence atmosphérique : les images satellites
montrent le développement d'un vaste cumulonimbus dans
le sud du département, et la bête semble résolue
à filer droit vers moi. Je n'ai plus qu'à me poster
sur une crête bien exposée en direction du sud, et
assister au début du spectacle ...
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A 18:53 la visibilité est encore médiocre, mais
suffisante pour que la vue panoramique ci-dessus (assemblage de
trois clichés) révèle que les choses commencent
à se gâter au sud ...
Comme
c'est souvent le cas à l'approche de l'orage, l'atmosphère
gagne en transparence. Les nuages se distinguent mieux, comme
l'illustre la petite animation ci-dessous :
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Cliquez
sur l'animation pour une version plus grande (400 x 266 pixels,
230 ko). Il s'agit d'une séquence de quatre clichés
espacés de vingt secondes environ, ce qui suffit largement
pour mettre en évidence le spectaculaire cisaillement qui
se produit à l'avant de l'orage, |
19:03
: L'horizon se charge de menace. A quelques kilomètres
de moi, derrière ces douces collines où le tournesol
côtoie la vigne, ce doit déjà être l'enfer.
Mais ne me parviennent que les rumeurs étouffées
(quoique permanentes) de tonnerres lointains, et les scintillations
affaiblies d'éclairs sans cesse renouvelés.
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19:10
: Un monstrueux noyau de précipitations se dévoile
au-delà du mur de nuages, et sa couleur livide et verdâtre
ne me laisse plus aucun doute quant à l'intensité
de ce qui est en train de se produire. Son mouvement apparent
est rapide, en direction du nord-est, ce qui ne me place pas sur
sa trajectoire (ouf !). A ce moment précis, une averse
intense (70 mm au total) est en train de s'abattre sur les vignes
du château de Monluc situées entre Saint-Puy et Cézan.
La
dynamique de cet orage est complexe, avec ce noyau actif qui se
propage vers le nord-est tandis que le mur de nuages associé
(une velléité d'arcus ?) progresse plein nord en
marchant en crabe, c'est-à-dire en se comporte lui-même
comme un courant soufflant en plein vers l'est, mais emporté
vers le nord sous la poussée de la tourmente qui le génère.
Pffff, c'est compliqué un orage ...
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19:13
: Pendant quelques instants, un jeu de couleur étonnant
se déploie, avec ce lourd mur de précipitations
vert-gris que précède un ourlet de nuages paré
d'une subtile teinte orangée venue de je ne sais où
!
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19:19 : me voici sur la route pour filer vers l'est et tenter
de "tangenter" ce gros orage d'été qui
fonce vers Lectoure et la Lomagne.
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19:22
: Des mouvements turbulents plein de vivacité animent le
plafond nuageux. Je vois maintenant les précipitations
en direction de l'est, et leur couleur s'est faite moins menaçante.
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Une
vue panoramique vers le sud : à gauche les pluies en train
de sortir du cadre, à droite des bases nuageuses qui retiennent
volontiers mon attention. A tout cela s'ajoute un bombardement
de coups de foudre, mais la plupart des décharges sont
à coup unique, donc quasiment impossibles à photographier.
J'ai néanmoins la chance d'un saisir une à 19:25
:
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La
suite fut beaucoup moins photogénique, avec la généralisation
de pluies interminables. J'ai pu observer magnifiquement la chute
de la foudre dans un champ de maïs à proximité
immédiate de mon domicile (mais pas de photo, 'faut pas
trop en demander !).
Plus
tard, à 20:19, la pluie diminue quelque peu d'intensité
et j'entrevoie alors, en direction de l'est, une singulière
formation nuageuse qui n'est pas sans me faire penser à
un mésocyclone :
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La
partie supérieure montre des signes évidents de
la rotation qui affectait l'ensemble. Dans les instant qui suivirent,
alors que je me jetais sur les routes détrempées
pour poursuivre cette drôle de bête, il y eu un bref
moment où les contrastes devinrent superbes et où
les éclairs redoublèrent sous ce "machin",
mais ce fut bien trop bref pour faire des photos. Hélas,
au bout de quelques kilomètres à peine, je me retrouvait
de nouveau noyé sous les pluies, et incapable de poursuivre
d'avantage quoi que ce soit, faute de visibilité.
Il
se trouve que c'est à ce moment là que, quelques
kilomètres plus à l'est, des grêlons atteignant
cinq centimètres de diamètres (!) allaient faire
des dégâts dont les toits de Miradoux se souviennent
encore ... Peut être que j'ai bien fait de ne pas y être
!
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