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Orages du 10 août 2005

Éclairs dans la nuit

A la faveur d'une balade à cheval au coucher du soleil parmi les champs de maïs, certaines silhouettes nuageuses avaient éveillé mon attention. Je soupçonnait la présence, loin à l'horizon ouest, de cumulonimbus en plein développement. Avec l'arrivée de la nuit, il n'y eu bientôt plus aucun doute lorsque j'aperçu distinctement des éclairs, pourtant encore distant de 170 kilomètres. Sur les images délivrées par les satellites, la superbe spirale d'une dépression était en train de venir se lover au creux du Golfe de Gascogne. Dans sa majestueuse giration, elle stimulait la naissance de toute une série d'orages dont l'arc gracieux caressait la cote avant de s'aventurer plus avant sur le milieu continental.

Passablement excité, je me mis à guetter fiévreusement l'occident où se multipliaient les palpitations électriques, me demandant si ce front orageux allait avoir l'audace de franchir la vaste forêt landaise pour atteindre les collines gersoises d'où je la guettais ...

A 23:04 j'obtiens ce cliché où la Voie Lactée s'apprête à basculer derrière les nuages d'altitude qui précèdent l'orage, dont on peut distinguer deux foyers encore très distants. En ce qui concerne la Voie Lactée, les amateurs reconnaîtront la portion qui s'étend de la constellation de l'Ecu à celle du Sagittaire.

23:07 : Gros plan sur les nuages cumuliformes qui approchent, illuminés de l'intérieur par des décharges fréquentes. Il est temps pour moi de gagner un autre point du vue, afin de bénéficier d'une vue plus dégagée en direction de l'ouest. Les appels clignotants d'un autre foyer actif situé en direction du nord-ouest me font un moment hésiter quand à l'endroit à choisir, mais j'opte finalement pour un pré dégagé du coté de Saint-Orens-Pouy-Petit (nom invraisemblable mais bien réel, vérifiez sur un atlas !) :

23:40 : les choses se précisent ... Il y a plusieurs foyers orageux distincts, qui jettent chacun de puissantes illuminations au-dela d'une bande de nuage vaguement cumuliformes. Cette dernières serait-elle une sorte d'arcus ? Rien ne permet d'en savoir d'avantage pour l'instant, alors je me concentre sur ces éclairs qui bombardent l'horizon. Le téléobjectif de 200 mm me permet de réaliser plusieurs portraits de coups de foudre, dont les deux suivants :

23:45 : C'est le village de Gondrin qui orne l'horizon sur ces deux vues séparées d'une minute. Notez la différence d'intensité entre les deux clichés, et les teintes plutôt chaudes offrant une ambiance lumineuse particulière.

J'apprécie la présence de ces nuages bas déchiquetés (fractus) qui apportent un supplément de profondeur à l'image. Ce type de nuage est très fréquent sous ou à l'abord des orages, ils révèlent le refroidissement local et turbulent de l'air en basse couche, ce qui est le plus souvent produit par l'irruption de courants de densités frais et humide accompagnant les précipitations.

23:55 : Grâce aux halos lumineux produits par Valence-sur-Baïse et surtout Condom (respectivement à gauche et à droite sur cette vue prise avec un objectif à très grand angle), je discerne de mieux en mieux des éléments disposés parallèlement dans cette espèce de millefeuille de nuage qui va bientôt me survoler. Cette image volontairement surexposée (10 s, 800 iso, f/2.8) révèle mieux ces structures que ce que permettait l'observation à l'oeil nu, l'adaptation à l'obscurité étant dans une certaine mesure compromise par les lueurs intenses et répétées des éclairs.

Le vent qui jusqu'à ce moment soufflait de l'est s'arrête complètement en quelques instants. Singulières minutes où l'air paraît étrangement plus chaud et moite, où l'arrêt du bruissement nocturnes des chênes fait soudain paraître plus proche le tonnerre sourdant de l'horizon aveugle.

Cela ne dure pas car c'est tout aussi rapidement que va s'établir un vent soufflant en sens contraire, une agréable brise d'ouest qui rapidement va se muer en rafales impressionnantes, me contraignant à tenir mon trépied au milieu du rugissement soutenu qu'impose le souffle d'Eole aux futaies voisines.

Quatre minutes plus tard, l'arcus est là, immense, majestueux et imposant.

Et, par bonheur, il ne pleut toujours pas, ce qui me permet de saisir encore quelques éclairs :

Le rideau de précipitation est bien visible, juste au-delà des éclairs, là où le plafond nuageux, remarquablement dessiné, cesse pour laisser place à une vaste mur indistinct qui diffuse abondamment la lumière des décharges.

Une p'tite dernière pour terminer :

La pluie abondante qui se mit ensuite à tomber ne me permit pas de prendre d'autres photographies. L'orage allait très rapidement perdre en vigueur en poursuivant sa progression vers l'est, ce qui ne me surprit pas vraiment.

Et maintenant, à quand le prochain ?

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