Kitao/ Orage / Orage du 18 jiuin 2005

Portrait d'un cumulonimbus isolé

Comme je l'espérais, j'ai filé plein sud samedi soir à la sortie du travail pour aller tirer le portrait d'un cumulonimbus se développant sur les Pyrénées.

Au moment de partir (19h17), ce n'est encore qu'un simple congestus dans son superbe isolement. Voici la tête qu'il a :

Ne dirait-on pas un personnage brandissant le poing ?

Ô passion, douce folie, quand tu nous tient ! L'appel est irresistible, et me voici parti pour trois quart d'heure de route afin de rejoindre mon "spot" de contemplation favori de l'Astarac (sud du Gers), sur la proéminence occupée par la chapelle de Theux. La visibilité est moins bonne que le jour précédent mais c'est quand même pas si mal ...
Voici l'allure de la bête a 20:28 :

Il est moins puissant que celui d'hier, mais ne manque néanmoins pas de charme. La cheminée d'alimentation est plus étroite et l'enclume ne présente pas un degré de symétrie aussi élevé (entre autre parce que le foyer se décale lentement vers l'Espagne d'après ce que révèlent les animations que j'ai réalisé). Le sommet pointu que l'on peut distinguer au centre de l'image est le Pic de Montaigu (2339 m) qui veille sur la vallée de Lesponne et précède le Pic du Midi de Bigorre (2870 m sans l'antenne) dans son avancée sur la plaine tarbaise. Le Pic du Midi est d'ailleurs également présent sur ce panorama, visible comme une grosse bosse tout près du bord gauche de l'image.

A 21:05 je réalise un nouveau panorama :

La tourelle visible à droite du Cb est fort intéressante, car dans les minutes qui suivirent elle allait effectivement être totalement coupée à sa base et devenir une bulle isolée :

La petite animation que j'ai faite à ce sujet est édifiante : elle montre bien l'inertie de l'ascendance une fois son alimentation coupée, et sa transformation totale en glace.

Encore un pano, à 21:28 :

Et un gros plan :

A droite nous avons l'exemple d'une tourelle qui "s'écroule", ce qui montre bien la stabilité de la masse d'air à l'étage moyen. Cet effet de couvercle explique l'isolement de ce cumulonimbus. Lorsqu'en fin de journée, du coté du haut massif du Vignemale ou des environs (il y a beaucoup de sommets de plus de 3000 m dans ce coin), il y a eu suffisamment de chaleur accumulée par l'exposition prolongée des flancs sud et sud-ouest au soleil, le forçage des couches stables de l'étage moyen a été possible et le cumulonimbus s'est épanoui comme une fleur ... Une fleur thermodynamique qui permet le retour à l'équilibre. Les précipitations délivrées par l'orage apporte un excés d'humidité à quelques vallées, ce qui peut constituer, si la situation globale reste inchangée, la promesse d'un nouvel orage au même endroit et à la même heure le lendemain.

Au moment de ces prises de vue il n'y a plus grand chose qui alimente l'enclume, mais cela allait se revigorer provisoirement quelques minutes plus tard ...

La composition ci-dessus à été obtenue à 21h50. Remarquez la réactivation sur le flanc sud ou sud-est (coté gauche) : une nouvelle ascendance est venue dépasser le niveau de l'enclume. Espoir d'une réactivation monstrueuse au crépuscule, d'un grand feu d'artifice pyrénéen ? Eh bien non, c'était plutôt son chant du cygne ...

Un gros plan aux douces teintes bleues et roses :

Dommage que l'activité électrique ait été des plus limitée ... J'entendais sur les grandes ondes de nombreux crépitements, mais faibles : ils révèlaient les décharges intranuageuses, nombreuses mais peu intenses. J'avais attendu le crépuscule avec l'espoir de réussir à fixer un superbe éclair (style superbolt jaillissant de la partie supérieure pour frapper quelques sommet éloigné), mais ce fut en vain !
Mais ça ne fait rien, il y avait déjà beaucoup de bonheur à contempler tout cela dans l'exquise douceur d'un chaud crépuscule de juin ...

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