Comme
je l'espérais, j'ai filé plein sud samedi soir à
la sortie du travail pour aller tirer le portrait d'un cumulonimbus
se développant sur les Pyrénées.
Au moment
de partir (19h17), ce n'est encore qu'un simple congestus dans
son superbe isolement. Voici la tête qu'il a :
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Ne dirait-on pas un personnage brandissant le poing ?
Ô
passion, douce folie, quand tu nous tient ! L'appel est irresistible,
et me voici parti pour trois quart d'heure de route afin de rejoindre
mon "spot" de contemplation favori de l'Astarac (sud
du Gers), sur la proéminence occupée par la chapelle
de Theux. La visibilité est moins bonne que le jour précédent
mais c'est quand même pas si mal ...
Voici l'allure de la bête a 20:28 :
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Il
est moins puissant que celui d'hier, mais ne manque néanmoins
pas de charme. La cheminée d'alimentation est plus étroite
et l'enclume ne présente pas un degré de symétrie
aussi élevé (entre autre parce que le foyer se décale
lentement vers l'Espagne d'après ce que révèlent
les animations que j'ai réalisé). Le sommet pointu
que l'on peut distinguer au centre de l'image est le Pic de Montaigu
(2339 m) qui veille sur la vallée de Lesponne et précède
le Pic du Midi de Bigorre (2870 m sans l'antenne) dans son avancée
sur la plaine tarbaise. Le Pic du Midi est d'ailleurs également
présent sur ce panorama, visible comme une grosse bosse
tout près du bord gauche de l'image.
A 21:05
je réalise un nouveau panorama :
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La tourelle visible à droite du Cb est fort intéressante,
car dans les minutes qui suivirent elle allait effectivement être
totalement coupée à sa base et devenir une bulle
isolée :
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La
petite animation que j'ai faite à ce sujet est édifiante
: elle montre bien l'inertie de l'ascendance une fois son alimentation
coupée, et sa transformation totale en glace.
Encore
un pano, à 21:28 :
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A
droite nous avons l'exemple d'une tourelle qui "s'écroule",
ce qui montre bien la stabilité de la masse d'air à
l'étage moyen. Cet effet de couvercle explique l'isolement
de ce cumulonimbus. Lorsqu'en fin de journée, du coté
du haut massif du Vignemale ou des environs (il y a beaucoup de
sommets de plus de 3000 m dans ce coin), il y a eu suffisamment
de chaleur accumulée par l'exposition prolongée
des flancs sud et sud-ouest au soleil, le forçage des couches
stables de l'étage moyen a été possible et
le cumulonimbus s'est épanoui comme une fleur ... Une fleur
thermodynamique qui permet le retour à l'équilibre.
Les précipitations délivrées par l'orage
apporte un excés d'humidité à quelques vallées,
ce qui peut constituer, si la situation globale reste inchangée,
la promesse d'un nouvel orage au même endroit et à
la même heure le lendemain.
Au
moment de ces prises de vue il n'y a plus grand chose qui alimente
l'enclume, mais cela allait se revigorer provisoirement quelques
minutes plus tard ...
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La composition ci-dessus à été obtenue à
21h50. Remarquez la réactivation sur le flanc sud ou sud-est
(coté gauche) : une nouvelle ascendance est venue dépasser
le niveau de l'enclume. Espoir d'une réactivation monstrueuse
au crépuscule, d'un grand feu d'artifice pyrénéen
? Eh bien non, c'était plutôt son chant du cygne
...
Un gros
plan aux douces teintes bleues et roses :
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Dommage
que l'activité électrique ait été
des plus limitée ... J'entendais sur les grandes ondes
de nombreux crépitements, mais faibles : ils révèlaient
les décharges intranuageuses, nombreuses mais peu intenses.
J'avais attendu le crépuscule avec l'espoir de réussir
à fixer un superbe éclair (style superbolt jaillissant
de la partie supérieure pour frapper quelques sommet éloigné),
mais ce fut en vain !
Mais ça ne fait rien, il y avait déjà beaucoup
de bonheur à contempler tout cela dans l'exquise douceur
d'un chaud crépuscule de juin ... |
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