CAMARGUE

C'est une étendue libre Au soir plus rien ne vibre   L'étang s'efface, renvoie l'étoile : La nuit s'élève au-dessus de son miroir. Sous ta barque une secrète Vie Peuple les eaux où tu erres.   L'horizon bavard se distille Et tu glisses sur les astres fragiles De l'infini tu es l'unique île.

   Lorsque le mistral oublie de souffler sur le delta du Rhône, chaque étendue liquide devient un morceau de ciel perdu parmi les terres. Le crépuscule est un moment privilégié, où l'approche de la nuit confère aux étangs la couleur de l'infini. Au loin s'élève le sourd mugissement du butor étoilé et les coassements d'innombrables batraciens. Une vie intense se devine dans ces eaux paisibles. Le printemps est presque là.

   J'aime cette image où l'œil, perdu entre le ciel et son reflet, poursuit l'alignement ondulant des flotteurs. Pris au filet, il rencontre à l'horizon le phare de la Gachole.

(février 1998, fisheye f./2.8 1/15è s, Fujichrome Velvia)