Un peu d'histoire ...
Le Lièvre est mentionné pour
la première fois par Eudoxe de Cnide, au IVè siècle
avant notre ère. Associée au chasseur Orion et précédant
immédiatement le Grand Chien, il prend naturellement sa place
dans la scène de chasse imaginé par les observateurs
de la Grèce antique. Bien avant, les Égyptien y avait
placé la Barque d'Osiris, ce qui allait de soi eu égard
à la proximité de la constellation de l'Eridan, représentation
céleste du Nil. Rien de tel pour les arabes, qui y virent plutôt
"le trône du géant", autrement dit le trône
d'Orion, et qui nous ont laissé les noms attribués aux
deux plus brillantes étoiles du Lièvre : Arneb et Nihal.
Ces noms signifient le Lièvre (ben tiens ! l'héritage
grec n'était pas oublié...) et le dromadaire (allez
savoir pourquoi !)
Voici une carte où vous pouvez, d'un clic, tout savoir - ou
presque - sur les astres et objets que l'on peut découvrir
dans cette petite partie du ciel d'hiver :
Étoiles principales
Alpha
du Lièvre porte le nom de Arneb,
mais elle fut aussi appelé Arsh.
De magnitude 2.6, son modeste éclat blanc ou jaune très
pâle ne donne pas à penser qu'il s'agit d'une géante
distante de 1300 années-lumière, 12 300 fois plus
lumineuse et 14 fois plus massive que notre Soleil ! Elle appartient
à la classe spectrale F0 Ib (température de surface
7500°), et s'éloigne de nous à la vitesse de 24
kilomètres par seconde. Deux compagnons de onzième
et douzième magnitude sont visibles à 35" et
92" de Arneb, mais il est très peu probable qu'il y
ai un lien gravitationnel entre ces astres. Arneb est le point de
départ idéal pour partir à la découverte
du petit amas ouvert NGC 2017, en fait le système multiple
h3780 (voir plus loin).
Bêta
est également nommé Nihal,
et atteint la magnitude 2.85. De classe spectrale G5 III, cette
étoile brille comme 150 soleils et est distante de 159 années-lumière.
A chaque seconde, elle se rapproche de nous de 13 kilomètres.
Nihal est un exemple d'étoile double d'observation difficile
en raison de la différence d'éclat existant entre
les deux astres : elle possède en effet un compagnon de onzième
magnitude distant de 2".5. Cet écartement est en théorie
accessible à de modestes télescopes, mais ce couple
est dans la pratique réservé à de gros instrument
(200 mm ou plus), tant il est difficile d'apercevoir ce pâle
flambeau de 11ème noyé dans la lueur de Nihal. La
période de ce système serait de plusieurs siècles.
Le compagnon, 15 fois moins lumineux que notre Soleil, présente
parfois aux observateurs une teinte bleuâtre, très
certainement due à un effet de contraste avec la délicate
teinte jaune de la principale, qui présente une température
de surface semblable à celle du Soleil.
Gamma,
de magnitude 3.6, est distante de 23.2 années-lumière
seulement. Il s'agit d'un bel exemple de système double à
grande séparation (95") présentant un beau contraste
de couleurs. La principale, étoile de la séquence
principale, est trois fois plus lumineuse que le Soleil alors que
son compagnon est quatre fois moins brillant que notre étoile,
luisant à la magnitude 6.2. Comme c'est souvent le cas, les
couleurs attribuées à cette paire d'étoiles
varient en fonction des observateurs, mais le plus souvent la principale
se voit dotée d'une couleur jaune tandis que la secondaire
est parée d'une teinte rougeâtre. Un instrument de
50 mm de diamètre grossissant 20 fois est suffisant pour
séparer ce couple. Le mouvement de ce système dans
l'espace semble indiquer une certaine parenté avec celui
animant Sirius.
Le Lièvre
(illustration de Matteo Palmieri, "Città di Vita",
XVè siècle).
Delta du
Lièvre, à l'éclat jaune, est distante de 112
années-lumière; de magnitude 3.9, elle appartient
à la classe spectrale G 8 III.
Epsilon
est distante de 226 années-lumière, et possède
l'éclat de 220 soleils; d'un éclat cuivrée,
cette géante rouge est de classe K4 III. Respectueuse de
sa catégorie spectrale, elle exhibe un volume conséquent
: son diamètre pourrait contenir 53 fois celui du Soleil,
pour une température de surface de 3 700° seulement.
Mu, à
184 années-lumière, brille comme 130 soleils. Dotée
de 4 masses solaires, elle affiche une température de surface
de 11 000°. Son éclat varie entre les magnitude 3 et
3.4.
17
du Lièvre mérite que l'astronome avide de physique
stellaire déchaînée s'y attarde. Non pas que
cette étoile soit un joyaux spectaculaire : l'observateur
n'y verra qu'un astre solitaire de magnitude 5. Mais l'étude
spectroscopique à révélé bien des choses
à son sujet ... Notamment
le fait que cette étoile, alternativement classée
B9, A0 ou bien encore A2p + gM1, est entourée d'une enveloppe
continuellement en expansionà la vitesse d'une soixantaine
de km/s. De légers sursaut photométriques (0.07 magnitude),
se produisant plusieurs fois par an, dénotent des épisodes
d'activité au cours desquels l'étoile perd une partie
de sa masse (de l'ordre du millionième de sa masse par ans,
pour fixer les idées). 17 Lep, quatre fois et demi plus lourde
que notre étoile, n'est pas seule : elle a pour compagnon
une géante rouge de 1.4 masse solaire orbitant autour de
la principale en 226 jours. Le volume considérable de la
géante rouge (75 diamètres solaires) rend certainement
possible le transfert de matière entre les deux composantes
de ce système qui, à ce titre, présente des
similitudes avec T Corona Borealis ou Z Andromeda, prototypes des
étoiles symbiotiques. Il n'est pas exclu que cet astre ait
produit de violent sursaut lumineux au cours de ces derniers milliers
d'années, et cette "nova récurrente" soupçonnée
pourrait peut-être un jour faire parler d'elle en atteignant
une magnitude négative ...
Étoiles doubles
Outre Gamma du Lièvre,
je vous recommande également les couples suivant :
-
Kappa : magnitudes
4.5 et 7.4, séparation 2".5; la différence
d'éclat, assez forte, ne permettra d'observer la secondaire
que si le grossissement et les conditions de stabilité
atmosphérique sont suffisantes. Au télescope de
150, le compagnon est distinct. Pas de coloration spectaculaire.
-
S
476 : m 6.2 et 6.3, séparation de 40" :
joli couple équilibré, facile à résoudre
même avec les plus modeste instrument. Près de 800
années-lumière nous en sépare : à
cette distance, les 40 secondes d'arc séparant les deux
étoiles représente au minimum 0.15 années-lumière,
soit près de 10 000 fois la distance Terre-Soleil !
-
h3752
Lep : m 5.5 et 6.7, sép. 3".2. Joli couple,
au composantes jaune et bleu-verdâtre, suivi à 1'
par un compagnon rougeâtre de 9ème magnitude. A ne
pas manquer si vous observer M 79 : c'est juste
à coté !
-
h3780
: ce système multiple forme le mini-amas ouvert (disons
un astérisme) NGC 2017, facile à trouver en glissant
1.7° à l'est d'Arneb (alpha Leporis). Il y a sept composantes,
d'éclats compris entre les magnitudes 7 et 10. Assez joli
avec de faibles grossissements.
-
h3750
: m 5 et 9.5, sép. 4".1
Nom |
Asc.
Droite
(hh mm ss.ss) |
Déclinaison
(deg mm ss) |
Mag. |
Séparation |
PA
|
S 470 |
05
12.5 |
-17
26 |
8.7, 8.6 |
47.3 |
278 |
STF 661 =
Kappa |
05
13.2 |
-12
56 |
4.5, 7.4 |
2.3 |
357 |
S 473 |
05
17.7 |
-15
12 |
6.7, 8.7 |
20.6 |
305 |
S 476
|
05
19.3 |
-18
30 |
6.2, 6.4 |
39.3 |
18
|
HJ 3750 =41
Lep |
05
20.5 |
-21
14 |
4.7, 8.5 |
4.1 |
280 |
HJ 3752 |
05
21.8 |
-24
46 |
5.5, 6.7 |
3.5 |
94
|
HJ 3759 |
05
26.0 |
-19
41 |
5.8, 8.6 |
27 |
317 |
BU 320 |
05
28.3 |
-20
45 |
3.0, 7.5 |
2.3 |
346 |
HJ 3780 = NGC 2017
|
05
39.3 |
-17
50 |
6.3, 8.5
6.2, 8.4
6.4, 8.1
|
89.2
76.1
128.8
|
136
7
299
|
H 40 = Delta
Lep |
05
44.5 |
-22
26 |
3.8, 6.4 |
96.7 |
350 |
BU 94 |
05
49.6 |
-14
29 |
5.6, 9.0 |
2.4 |
166 |
S 504 |
05
58.5 |
-20
09 |
8.8, 8.8 |
3.7 |
69
|
ARG 12 |
06
05.3 |
-25
01 |
8.4, 8.7 |
4.6 |
296 |
|
|
|
|
|
|
(tableau Peoria
Astronomical Society)
Étoiles variables
-
R
du Lièvre : peut-être l'étoile
la plus rouge du ciel ! Sa couleur rouge intense, évoquant
souvent une braise incandescente posée sur le velours noir
de l'espace, est particulièrement remarquable lorsque cette
variable de type Mira est proche de son maximum, ce qui arrive
tout les 432 jours. Elle fut observée pour la première
fois par J.R. Hind à Londres en octobre 1845; il la baptisa
" Crimson Star" (l'étoile cramoisie), surnom
toujours en usage aujourd'hui. Sa couleur remarquable rend poète
les observateurs, qui n'hésitent pas à parler de
goutte de sang chatoyante ou de rubis aux reflets profonds. Varie
entre les magnitudes 5.9 et 10.5, c'est-à-dire d'un facteur
100. Avec sa température superficielle parmi les plus basses
(moins de 2 600° Kelvin), elle présente de très
intenses raies du carbone dans son spectre. Sa distance serait
de 1500 années-lumière.
-
T
Lep : Mira, m 7.4-13.5 en 368 jours, située
à 30' au nord ouest de Epsilon.
-
S
Lep : semi-régulière, m 6-7.6 en 90 jours
environ.
Soif de variables ? Ce tableau vous comblera !
GCVS
ID |
Asc.
Droite
(hh mm ss.ss) |
Déclinaison
(deg mm ss) |
Type de Variable |
Mag.
Min |
Mag.
Max |
S Lep
|
6:3:41.9 |
-24:11:23 |
SRB |
7.58 |
6 |
RX Lep
|
5:9:2.7 |
-11:54:36 |
SRB |
7.4 |
5 |
RY Lep
|
5:46:0.8 |
-20:2:22 |
EA |
9.1 |
8.2 |
RZ Lep |
5:16:39.2 |
-22:15:48 |
SRB |
8.44 |
8.33 |
SS Lep |
6:2:45.2 |
-16:28:47 |
ZAND |
5.06 |
4.82 |
SW Lep |
5:14:45.8 |
-24:38:41 |
LB |
10 |
9.5 |
SZ Lep |
5:33:46 |
-25:46:9 |
LB: |
7.93 |
7.4 |
TU Lep |
5:4:5.4 |
-14:45:45 |
ACV |
0.105 |
7.07 |
TW Lep |
5:38:30.5 |
-20:19:24 |
RS: |
0.32 |
7 |
TX Lep |
5:17:6.6 |
-18:33:37 |
ACV |
0.04 |
6.54 |
UU Lep |
5:12:28.9 |
-26:15:50 |
RS |
7.02 |
6.91 |
UV Lep |
6:9:6.9 |
-15:46:49 |
ACVO |
0.01 |
6.77 |
Mu Lep
|
5:10:41 |
-16:15:48 |
ACV |
3.41 |
2.97 |
|
|
|
|
|
|
(tableau Peoria
Astronomical Society)
Ciel profond
|