Je n'allais pas chômer en ce fameux lundi de pentecôte ! Après une matinée et un début d'après-midi peuplés de cumulus débonnaires, la situation allait brutalement changer après 16h. Je rentre prestement Kasia au trot dans son box anti-tornade pour me précipiter dans ma voiture et me jeter sur les routes. Vite ! Trouver un point de vue et essayer de comprendre ce qui se passe ! Le ciel semble devenu fou mais sans violence : dans toutes les directions du sud-ouest au nord se suspendent de lourdes bases nuageuses, quasi-immobiles et de plus en plus menaçantes. De magnifiques roulements de tonnerre ébranlent ce ciel où je devine l'enfantement d'un monstre ...

D'abord attiré par de vigoureux développements cumuliformes proches de chez moi, je reste interloqué par l'aspect plus qu'inhabituel qu'offre le ciel sur un vaste horizon est. C'est sombre, très sombre, immobile, sans éclair, sans précipitation, rien, une atmosphère malade où le chaos et la violence vont faire irruption avec une soudaineté terrifiante.

Irrésistiblement attiré, je tente de progresser vers l'est. Mais sitôt franchie la vallée de l'Auchie et le village de Marsolan, je me retrouve en face du spectacle illustré par le panorama ci-dessus. Le monstre révèle son visage. En face de moi se dresse un énorme rideau de pluie et de grêle sillonné d'incessants éclairs internuageux, et baigné d'une irréelle lueur verdâtre. Cette dernière est un signe qui ne trompe pas quant à la violence de l'épisode orageux qui se développe sous mes yeux. Comme si cela ne suffisait pas, un front de rafale est, au moment de la prise de vue, en train de débuter son extension vers le sud-ouest (situation rarissime !), imitant remarquablement l'arcus du 26 mars dernier.

Je suis terrassé par le spectacle, et un mot effleure mon esprit : supercellule ... Et j'avais raison ! J'étais bel et bien en marge d'un monstre atmosphérique comparable à ceux qui dévastent les plaines des Etat-Unis, plus précisément la variété HP (High Precipitation), celle qui délivre des cumuls de pluie et de grêle extraordinaires. Et c'est malheureusement le charmant village de Sarrant qui allait en faire l'expérience, comme en témoigne cet article du journal sud-ouest.