Ce
sont des circonstances bien particulières qui ont précédé
la naissance de ce mini-orage. Une heure auparavant, un peu avant
le coucher du soleil, un premier orage localisé avait sévit
sur la vallée du Gers entre Lectoure et Asttafort, c'est-à-dire
à une quinzaine de kilomètres plus à l'est.
Orage localisé, sans déplacement important, et doté
d'une activité électrique modeste. Il se désagrégea
au moment de la disparition du soleil. La fin du spectacle ? Au
contraire ! C'est à partir de là que les choses
se sont précipitées ...
Rapidement
de nouveaux choux-fleur naissaient autour de moi tandi que je
filais vers l'ouest à la recherche du point de vue idéal.
L'expérience aidant, je compris que le courant d'étalement
produit par le premier orage était en train de déstabiliser
l'atmosphère environnante. La dense lame d'air froid qui
accompagnait la chute des précipitations du premier orage
se propageait vers l'ouest en soulevant l'air chaud, soulèvement
suffisant pour franchir la couche d'inversion qui bloquait comme
un couvercle invisible les velléités convectives
de la basse troposphère. L'inversion franchie, l'instabilité
pouvait déployer toute son ampleur en construisant à
une vitesse ahurissante plusieurs cheminées convectives
dont celle représentée ici.
Ce
cliché est pris en direction du sud, et nous y découvrons
l'orage en train de sévir d'une façon incroyablement
localisée, probablement entre les communes de Condom et
Valence-sur-Baïse. Le coup de foudre illumine un rideau de
précipitation tout à fait significatif. Notez l'absence
de base bien définie en ce qui concerne la partie inférieure
du nuage : d'un simple coup d'oeil, cette image nous renseigne
sur le déclin imminent de l'orage, car ce cumulonimbus
entame sa phase de dissipation. De nouveaux coups de foudre sont
peu probables ...
...
Et, effectivement, il n'y eu qu'un seul (et ultime !) dans les
deux minutes suivantes :
Ne
remarquez vous pas quelque chose à droite de l'éclair
?
Le
gros plan ci-dessus va nous permettre d'y voir plus clair (contrastes
renforcés) :
On
découvre une langue nuageuse surbaissée. Il ne s'agit
pas d'une tornade en formation mais tout simplement de la queue
d'alimentation (inflow tail) du courant ascendant en
train de s'étioler. Dans le cas d'un orage en plein développement,
cette zone ascendante et considérablement plus large (plusieurs
km ou dizaines de km carrés), dimensions nécessaires
pour alimenté un vigoureux cumulonimbus. Mais ce n'est
pas la première fois que je suis en mesure d'observer la
façon dont cette cheminé ascendante rétrécie
singulièrement alors que l'orage est sur son déclin
(voir la seconde image du ciel
du 2 avril 2004). Et l'éclair semble trouver son origine
dans les remous cumuliformes appelés à disparaître
sous peu.
J'aurais
aimé voir cela de plus près !
Technique
: boîtier Pentax ME super, 15/2.8 Sigma, pellicule Fuji
Provia 100F, pose B de l'ordre de 30 secondes, déclencheur
souple et trépied.