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IMAGE DE LA SEMAINE

Orage miniature

Gazaupouy, Gers, 6 septembre 2004.

 

Voici le plus petit orage que j'ai jamais contemplé !

Ce nuage est pourtant bel et bien un cumulonimbus. Apparu en quelques minutes au crépuscule, cet orage au développement explosif produisit plusieurs éclairs avant de disparaître dans la nuit.

Pas de vaste enclume dans le cas présent : elle n'a même pas eu le temps de se former ! La partie supérieure, au frontière de la tropopause, est cependant effilochée par un courant de sud-ouest soufflant à très haute altitude. Il s'agit d'un cumulonimbus calvus (calvus > chauve > dépourvu d'enclume) en train de devenir un cumulonimbus uncinus ( effiloché).

 

Ce sont des circonstances bien particulières qui ont précédé la naissance de ce mini-orage. Une heure auparavant, un peu avant le coucher du soleil, un premier orage localisé avait sévit sur la vallée du Gers entre Lectoure et Asttafort, c'est-à-dire à une quinzaine de kilomètres plus à l'est. Orage localisé, sans déplacement important, et doté d'une activité électrique modeste. Il se désagrégea au moment de la disparition du soleil. La fin du spectacle ? Au contraire ! C'est à partir de là que les choses se sont précipitées ...

Rapidement de nouveaux choux-fleur naissaient autour de moi tandi que je filais vers l'ouest à la recherche du point de vue idéal. L'expérience aidant, je compris que le courant d'étalement produit par le premier orage était en train de déstabiliser l'atmosphère environnante. La dense lame d'air froid qui accompagnait la chute des précipitations du premier orage se propageait vers l'ouest en soulevant l'air chaud, soulèvement suffisant pour franchir la couche d'inversion qui bloquait comme un couvercle invisible les velléités convectives de la basse troposphère. L'inversion franchie, l'instabilité pouvait déployer toute son ampleur en construisant à une vitesse ahurissante plusieurs cheminées convectives dont celle représentée ici.

Ce cliché est pris en direction du sud, et nous y découvrons l'orage en train de sévir d'une façon incroyablement localisée, probablement entre les communes de Condom et Valence-sur-Baïse. Le coup de foudre illumine un rideau de précipitation tout à fait significatif. Notez l'absence de base bien définie en ce qui concerne la partie inférieure du nuage : d'un simple coup d'oeil, cette image nous renseigne sur le déclin imminent de l'orage, car ce cumulonimbus entame sa phase de dissipation. De nouveaux coups de foudre sont peu probables ...

... Et, effectivement, il n'y eu qu'un seul (et ultime !) dans les deux minutes suivantes :

Ne remarquez vous pas quelque chose à droite de l'éclair ?

Le gros plan ci-dessus va nous permettre d'y voir plus clair (contrastes renforcés) :

On découvre une langue nuageuse surbaissée. Il ne s'agit pas d'une tornade en formation mais tout simplement de la queue d'alimentation (inflow tail) du courant ascendant en train de s'étioler. Dans le cas d'un orage en plein développement, cette zone ascendante et considérablement plus large (plusieurs km ou dizaines de km carrés), dimensions nécessaires pour alimenté un vigoureux cumulonimbus. Mais ce n'est pas la première fois que je suis en mesure d'observer la façon dont cette cheminé ascendante rétrécie singulièrement alors que l'orage est sur son déclin (voir la seconde image du ciel du 2 avril 2004). Et l'éclair semble trouver son origine dans les remous cumuliformes appelés à disparaître sous peu.

J'aurais aimé voir cela de plus près !

 

Technique : boîtier Pentax ME super, 15/2.8 Sigma, pellicule Fuji Provia 100F, pose B de l'ordre de 30 secondes, déclencheur souple et trépied.