(sorry for the text in french; english translation should be avaible around december 2012)

Ce cliché représente l'aboutissement de nombreuses années consacrées à la photographie des phénomènes météorologiques.

Déjà, lors de mes jeunes années, le spectacle de l'arc-en-ciel me ravissait. Mais pourquoi donc le voyais-je toujours de face, et en tournant le dos au soleil ? N'y avait-il moyen de l'apercevoir sous un autre angle ?

Ma persévérance a enfin été récompensé en ce premier jour d'avril : anticipant la formation du photométéore, je me précipitait en direction de la bordure de l'averse coté soleil. Un chemin rural idéalement placé me permettait de rejoindre rapidement un point qui, selon mes estimations, devait correspondre précisément au centre géométrique de l'arc-en-ciel. J'allais ainsi pouvoir me trouver au centre de l'arc tout comme Saturne se trouve au milieu de ses anneaux.

Et ce fut la réussite ! Conformément à mes folles espérances, je me retrouvai au centre de l'arc et pus photographier celui-ci par la tranche, ce qui constitue une première absolue ! Le cliché ci-dessus restitue cet étonnant spectacle, en révélant à quel point la bande colorée de l'arc-en-ciel peut paraître étroite vue sous cet angle inhabituel, à 90° du soleil*, se dressant comme un mur de couleur parfaitement vertical. Si cette bande est effectivement brillante et contrastée, on constate néanmoins que les couleurs se télescopent presque les unes avec les autres. Pensant me trouver exactement dans le plan du phénomène, j'imaginais assister à une exacte superposition des couleurs produisant (comme l'avait compris Newton) une bande blanche et très étroite. Mais seulement voilà : les gouttes de pluie sont imparfaites ! Ces petites sphères liquides sont sans cesse agitées dans leur chute, et en vibrant de la sorte elles réfractent les rayons du soleil d'une façon moins précise que dans les traités d'optique où on les assimile volontiers à des billes d'eau parfaitement sphériques et stables. Autre considération optique : le soleil n'est pas une source ponctuelle, mais il se présente sous un angle d'un demi-degré. Résultat : y'a d'la diffusion dans la réfraction et, même vu par la tranche, l'arc-en-ciel affiche son identitée polychrome !

Comme un grand bonheur n'a pas coutume de survenir seul, j'ai eu la chance de pouvoir saisir en même temps ce coup de foudre, qui par sa présence rend cette photographie encore plus singulière.

* : sur cette image n'est visible que la partie nord du phénomène, la bande se prolongeant via le zénith jusqu'à l'horizon opposé. C'est bon d'être au centre, pour une fois...