Une nuit au Pic du Midi - 31 juillet 2006

Le Pic du Midi de Bigorre ! Depuis le temps que j'en rêvais !

Si j'ai déjà eu l'occasion de fréquenter ses flancs ou son sommet à plusieurs occasion, jamais je n'ai pu m'y attarder au-delà du crépuscule. Bref, jusque là j'étais systématiquement passé à coté des plus belles heures que puisse offrir ce site astronomique d'exception ...

J'allais pouvoir me rattraper en beauté grâce à Laurent Courier du Centre Astronomique des Pyrénées. Passer une nuit à 2600 mètres en compagnie d'un télescope de 800 mm de diamètre, le rêve ! Et, outre l'enchantement procuré par le spectacle du ciel, c'est le cadre extraordinaire de la nuit en montagne qui allait s'offrir à moi dans son plus bel écrin. Par ici pour la suite en image ...

Alors que je me rapproche de l'Hôtel de Laquets où nous passerons la nuit, je suis fasciné par la danse des nuages qui offre des conditions de luminosité perpétuellement changeantes sur le Lac d'Oncet.

La Crête du Tourmalet semble assurer le partage entre le monde de nuées et celui de la limpidité.

Dans les minutes qui ont suivi mon arrivée, Laurent a bondi sur le petit sommet voisin du Col des Laquets, où je ne tarde pas à le rejoindre.

La ronde des vautours fauves ...

La Pene Blanque, proche voisine du Pic, se fait vaporeuse. J'aime le contraste entre rocs ciselés et les nuages si légers.

En se tournant de l'autre coté, on fait face aux plissements monumentaux ornant la paroi ouest du Pic du Midi.

Avec un peu plus de recul, c'est toute la partie sommitale du Pic qui se dévoile. La lumière, les couleurs sont superbes, s'y ajoutent pour l'ambiance ces lambeaux de nuages ...

... qui n'épargnent pas le sommet lui-même.

Deux vautours se moquant de l'intense radiorayonnement émis par la grande antenne TDF (103 mètres de haut, et plus puissant émetteur du territoire national).

Bon, ce n'est pas tout mais il y a le "800" à monter ... Laurent et Véronique sont là pour nous guider, et avec un peu de bonne volonté la bête prend rapidement forme.

Laurent inspecte avec beaucoup de sérieux les attaches de la couronne où une vis défaillante pose quelques soucis. Là haut, à l'observatoire, des astronomes surveillent nos activités d'un œil inquiet, craignants d'être bientôt assiégés par ces hurluberlus fraîchement arrivés !

Le temps passe et c'est déjà l'heure du coucher du soleil. Nous bondissons de nouveau sur le petit sommet voisin ('faudrait lui trouver un nom) pour saisir le spectacle. Et quel spectacle ! :

Ultimes rayons de soleil, d'une pureté de couleur inconnue en plaine ...

Vue panoramique du coucher de soleil sur la mer de nuages.

Poussés par un vent d'ouest, les nuages contournent le Pic de Montaigu (2337 m) en volutes gracieuses.

La Crête de Caoubère accroche les nuages qui eux-mêmes accrochent la lueur du crépuscule.

Vue générale du vertigineux flanc ouest du Pic dominant le pierrier du Clot de Montarriou. Je trouve que ce cliché rend bien compte du gigantisme du site.

Voici Laurent en pleine action, ne manquant pas une miette de ce festival crépusculaire. Laurent sait avoir l'air sérieux sur les photos ...

Mais la joie ne pouvait être contenue plus longtemps face à pareil spectacle !

Laurent redescend à l'Hôtel des Laquets tandis que je reste sur la crête, histoire de contempler l'avancée du crépuscule, et obtenir des clichés que je rêvais de faire depuis longtemps ! :

Portrait de la Pene Blanque. A droite : la plaine noyée sous la mer de nuages, d'où seul émerge le Montaigu. A gauche : la vallée de Luz-Gavarnie sous les nuages elle aussi, avec au fond le massif du Vignemale sous la Lune. Le crépuscule baigne d'une pâle et indicible lueur les parois récemment éboulées près desquelles je me tiens, béat d'admiration.

Clair de lune, montagnes et mer de nuages : ce cliché représente pour moi la concrétisation de rêves auxquels j'aspirais depuis longtemps.

Bon, c'est pas tout mais y'a un joujou optique de rêve qui ne demande qu'à servir. Avant de m'arracher à ce sublime début de nuit, je réalise ce panoramique avec, en partant de la gauche, l'Hôtel des Laquets, la Coume du Pic pleine de nuages, la crête du Cap de Sencours et, juste au-delà, la lueur produite par la station de La Mongie sous les nuages.

Bizarrement, les deux feux clignotants portés par le pylône du téléphérique restent allumés (un éclat toute les deux secondes), et flasheront de la sorte toute la façade sud de l'observatoire jusqu'au milieu de la nuit. Pourquoi donc ? Rave Party au Pic ? Député en visite nocturne ? Et il n'y avait donc aucun astronome en mission là haut pour pester contre cette nuisance lumineuse infernale ? Ce sont les mystères du Pic ...

Nous nous réjouissons, car les cirrus qui nous inquiétaient depuis la fin du jour semblent de moins en moins offensifs. Nous pouvons nous livrer fébrilement aux joies de l'observation. Ci-dessus, Véronique avec le Meade de 200 mm.

Clair de lune, montagnes, mer de nuages et télescopes ... Quel tableau !

Laurent peaufine la colimation (alignement optique) du 800. Il va bientôt pouvoir prendre du service mais ...

... y'a du nouveau du coté de la mer de nuages qui semblent soudain agitée par une houle dantesque. Une barre cumuliforme se dresse face aux montagnes, tel un tsunami aérien près à nous engloutir dans son opacité humide.

Par bonheur le rouleau nuageux fait du surplace et nous offre une providentielle fenêtre sur le coucher de lune. A croire que c'était fait exprès !

Le massif du Balaïtous au clair de Lune. Des fragments nuageux que le vent fait virevolter à l'abord des crêtes prennent l'allure, à la faveur de la pose photographique, de gerbes d'écumes que la Lune illumine de son éclat doré.

La Lune couchée, c'est maintenant le spectacle d'un ciel croulant d'étoile qui va s'imposer à nous ... Sitôt que ces satanés nuages (mal) élevés se seront dissipés ! Dans le panorama ci-dessus vous pouvez remarquer le halo de lumière produit au sud-ouest par Pampelune. Même ici, le ciel noir de nos aïeux n'est plus qu'un souvenir.

Cela n'empêche pas de poursuivre les observations :

Sur fond de Pic ...

... ou de Voie Lactée !

Plus tard dans la soirée le ciel est devenu vraiment très noir.

Une vue originale prise de l'intérieur du tube ouvert du 800. Beaucoup de participants s'étant enveloppés dans des couvertures, l'ambiance n'est plus pyrénéennes mais plutôt péruvienne (et ce d'autant plus que les environs sont fréquentés par des lamas !). A droite vous pouvez deviner la modeste constellation de la Couronne Australe.

La constellation de Cassiopée avec au premier la coupole du télescope Bernard Lyot, la grande antenne et le bâtiment interministériel. La galaxie d'Andromède est visible tout contre le bord droit de cette photo comme une tache jaune.

Le Sagittaire, qui abrite la partie la plus dense et la plus riche de notre Voie Lactée. Les nuages donnent un singulier relief à cette image.

Sur ce cliché j'ai représenté les contours de la "théière" du Sagittaire poursuivant le Scorpion.

Une autre vue du T2m et du bâtiment interministériel, dont les fenêtres laissent s'échapper une lueur étrange.

Il est déjà presque trois heure du matin lorsque je prends ces photos de la lueur des agglomérations de la plaine immergées sous une couche de nuages bas. C'est, là aussi, un spectacle que je rêvais de voir depuis longtemps. A droite, Bagnères-de-Bigorre, au fond : Tarbes.

Le Pic de Montaigu en ombre chinoise au-devant des lampadaires de l'agglomération paloise. La pollution lumineuse, si préjudiciable à l'observation du ciel, prend hélas une ampleur préoccupante et probablement irréversible.

ZZzzzzzz ....

Couché très tard et déjà debout à six heure moins le quart pour le lever du soleil ! Cela demande une certaine motivation, dont ne manque de faire preuve celui qui m'accompagne sur le flanc sud du Pic. Le but et d'essayer de contourner partiellement la montagne pour avoir une vue plus dégagée sur le soleil levant, mais nous nous y prenons un peu tard et la topographie locale n'est pas des plus accueillante, sans parler des bourrasques qui balaient la pente rocheuse où nous nous trouvons.

J'ai quand même me plaisir de saisir les teintes si délicates des premières minutes du jour sur ces crêtes lointaines :

Ah ! Voila où est donc passé la mer de nuages qui s'était retirée en milieu de nuit.

Ci-dessous : panoramique à 180 degrés - cliquez sur l'image pour une version plus grande (3400 pixels) -.

 

Mais le ciel limpide cède bientôt la place à des nuages qui s'élèvent avec vigueur au-dessus des vallées. Le téléphérique est si petit à l'aune des nuées !

Des randonneurs montent d'un pas décidé la piste alors que des langues vaporeuses se tordent au-dessus de l'abîme.

Mais non, c'est pas possible de mettre tout ça dans le Jumpy ! Ça rentrera jamais !

Eh bien .. Si !

En guise de dernière image, pour vous aider à conserver un souvenir onirique et émerveillé de ce site extraordinaire, je vous propose cette vue du Pic obtenue mois de septembre 2005. Douceur et sérénité :

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